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Quand les écologistes bousculent tous les niveaux de pouvoir

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Du voile aux sans-papiers en passant par la gestion de la crise sanitaire, les verts ont repris un positionnement fort dans leur participation aux différents gouvernements. Quitte à jouer avec les accords.

« Nous déplorons le blocage politique qui empêche le moindre débat rationnel sur les questions migratoires, et particulièrement celle des personnes sans-papiers ». La carte blanche des députés Saskia Bricmont, Simon Moutquin et Marie Lecocq, publiée par Le Vif ce lundi, illustre combien Ecolo a décidé d’adopter une attitude plus tranchée en matière de questions migratoires, sur fond de grève de la faim des sans-papiers à Bruxelles.

Dans ce dossier, Ecolo rivalise avec le PS et fait écho aux critiques de plus en plus vives des milieux associatifs. Depuis une dizaine de jours, des académiques et des ONG clament leur malaise face à la dégradation de la situation sanitaire des ces candidats à l’asile, dans des circonstances de « blocage politique ».

Ce faisant, les verts se lèvent aussi contre la position plus ferme du CD&V, attaqué sur sa droite en Flandre, et du MR. Quitte à provoquer une nouvelle fracture au sein de la Vivaldi fédérale.

Un bras de fer bruxellois

A Bruxelles, surtout, les socialistes, les libéraux et les écologistes sont à couteaux tirés pour tenter de décrocher le Graal: la place de premier parti, fort disputée dans les intentions de vote. Plus fondamentalement, les partis se repositionnent sur ce terrain sociologiquement complexe qu’est devenu la capitale, multiculturel et très urbain, avec une identité régionale affirmée.

Le MR avait entamé un positionnement très agressif, sur les questions de mobilité, d’urbanisme ou de politique au sens large. Déforcés aux dernières élections, les libéraux tentent singulièrement de tailler des croupières aux écologistes dansle sud-est de la Région. Avec un rêve, véhiculé par son président, d’atteindre un jour les 30% des voix en Belgique francophone. Plusieurs responsables écologistes ne cachaient pas, ces derniers temps, leur agaçement face à des attaques « en-dessous de la ceinture ».

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La question du voile et des signes convictionnels est venue comme un amplicateur. Ecolo, soudain, est devenu le nouveau trublion des majorités. En soutenant l’ordonnance du tribunal du travail concernant la STIB à la Région fédérale et en nommant au fédéral une commissaire générale voilée à l’Institut pour l’égalité hommes-femmes, les écologistes ont touché les libéraux là où ça fait mal: la question de la neutralité dans les services publics.

Les lignes ont bougé, le PS a adopté un point de vue se rapprochant de celui des verts, tandis que le MR critiquait les renonçements du PS et critiquait Ecolo devenu « un moteur du communautarisme ». Du billard à trois bandes. Ce faisant, les écologistes ont forcé une nouvelle définition de la neutralité à Bruxelles, alors que le sujet n’était pas dans l’accord de gouvernement et qu’il divisait la majorité régionale (PS, Ecolo et DeFI du côté francophone)

Pour Ecolo, ce besoin d’afficher sa différence est en outre criant, d’autant plus que chacun de ses participations au pouvoir s’est soldé jusqu’ici par une déconvenue aux élections suivantes.

Cette liberté de ton retrouvée, sur fond d’agacement à l’égard des libéraux, s’était déjà marquée dans la dernière partie de la gestion de la crise sanitaire. Les écologistes avaient notamment plaidé pour des assouplissements en matière de « bulle sociale » ou de culture, alors que le MR faisait feu de tout bois depuis des semaines.

Le tout jusqu’à donner lieu à des passes d’armes entre les présidents Georges-Louis Bouchez et Jean-Marc Nollet, le premier proposant de donner au second une carte de son parti. Mais un des éléments marquants ces derniers mois, c’est sans aucun doute la montée en puissance de l’autre coprésidente d’Ecolo, la Bruxelloise Rajae Maouane.

La coprésident molenbeekoise exprimait dans le dernier numéro de Wilfried son appétit pour les « actions militantes plus radicales »: « Que ce soit dans le langage ou les actes, on voit clairement se développer de nouvelles formes d’expression, en rupture avec les formats politiques traditionnels. On constate que les anciennes méthodes ne fonctionnent pas, qu’il faut inventer des nouveaux outils, et ce regard neuf, c’est principalement la jeunesse qui peut l’apporter. »

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