© BELGA/Nicolas Maeterlinck

Quand la N-VA neutralise la N-VA sur le front communautaire

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Irrégularités linguistiques à répétition dans les administrations bruxelloises. Le Vlaams Belang s’épuise à les dénoncer, le ministre fédéral de l’Intérieur, le N-VA Jan Jambon, lui donne entièrement raison. C’était avant qu’un autre N-VA, député fédéral, se dévoue pour désamorcer la charge communautaire.

Vue de Flandre et surtout vue de son camp nationaliste, l’affaire relève d’un scandale d’Etat de droit. Communes et CPAS bruxellois se rendent coupables d’irrégularités linguistiques répétées : on parle de recrutements de fonctionnaires opérés au mépris de la législation linguistique en région bruxelloise, de primes abusivement versées à des agents locaux dépourvus du certificat de bilinguisme que délivre le Selor moyennant la réussite de l’épreuve linguistique.

Grave. Gravissime, enrage le Vlaams Belang (VB) qui revient régulièrement à la charge au Parlement auprès du ministre fédéral de l’Intérieur. « Inacceptable », vient encore de confirmer le N-VA Jan Jambon. Lequel charge le gouvernement bruxellois et singulièrement ses ministres flamands, pris en flagrant délit à ses yeux, « de ne pas garantir que seuls des fonctionnaires bilingues y soient recrutés. » Ledit ministre a beau persister à bloquer l’argent fédéral destiné à rembourser les primes versées aux fonctionnaires bilingues tant qu’il ne sera pas mis bon ordre à tout ce manège, le contentieux reste ouvert. Qu’attend-il donc pour faire davantage, attaque Barbara Pas, députée VB ? Le N-VA Jambon voudrait bien mais le ministre de l’Intérieur Jambon ne peut point : « impossible de prendre une mesure qui ne fait pas l’objet d’un accord au sein du gouvernement. »

Capitulation N-VA en rase campagne communautaire

Madame Pas, depuis l’opposition, ne pouvait évidemment se satisfaire d’une telle abdication. L’élue a donc classiquement recommandé, par une motion argumentée, que le gouvernement fédéral s’empare sans tarder du dossier et aille au clash avec le pouvoir régional bruxellois. Son voeu a été naturellement tué dans l’oeuf en séance plénière de la Chambre par une autre motion, pure et simple celle-là et à ce titre prioritaire, tout aussi classiquement portée par un député de la majorité. Mais cette fois, la N-VA aura bu le calice jusqu’à la lie : un de ses propres députés, Koenraad Degroote, a dû s’y coller pour signer ladite motion qui a désamorcé la charge explosive. Et entériner la capitulation du parti de Bart De Wever en rase campagne communautaire.

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