La centrale électrique, dotée de turbines à gaz et à vapeur, de Drogenbos : un atout pour le renouvelable ? © Jean-Jacques Serol/belgaimage

Quand Jean-Marc Nollet et Etopia veulent prouver qu’une Belgique sans nucléaire est possible

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Avec Terre, Mer, Soleil, qui paraît ce 21 juin, le député Ecolo Jean-Marc Nollet et le centre Etopia veulent expliquer que notre pays peut se passer de cette source d’énergie dès 2025. Un travail pédagogique, mais déforcé par des scénarios limités.

Une idylle, c’est une entente parfaite, sereine, harmonieuse. Il y a un peu de cela dans le tableau que dresse, sur 125 pages, le livre Terre, Mer, Soleil, cosigné par Jean-Marc Nollet, chef de groupe Ecolo-Groen à la Chambre, et par Julien Vandeburie, chercheur-associé à Etopia, le centre d’études du parti. L’ouvrage se décline en deux parties. La première consiste à  » déconstruire chacun des « arguments » fallacieusement avancés par les opposants à la sortie du nucléaire « . Hausse du coût de la facture énergétique, pertes d’emplois, dépendance à d’autres pays… Les auteurs s’attaquent ainsi aux  » dix plus gros mensonges des nucléaristes « . La seconde partie présente trois grands scénarios, que résume le titre du livre, pour une  » transition sans nucléaire dès 2025 et 100 % renouvelables d’ici 2050 « . Avec un inventaire chiffré des trajectoires attendues de chaque filière, en fonction du progrès technologique et de choix politiques.

Mis bout à bout, ces objectifs ambitieux, ces chiffres et ces raisonnements aboutissent au constat théorique que le renouvelable, associé à court terme à des centrales au gaz et au stockage d’énergie, pourrait bel et bien répondre à la demande. Mais dans les faits, la trajectoire énergétique de la Belgique n’est ni parfaite, ni sereine, ni harmonieuse. Pas plus que le débat clivant sur le nucléaire. A l’image des aléas politiques, des contraintes techniques ou du faible degré d’acceptation de certaines filières, elle est, au contraire, sujette à discorde, au désordre, et donc à l’imprévisibilité. Et c’est probablement l’une des limites du raisonnement présenté : en éludant cette réalité, la voie ainsi tracée paraît trop belle pour être vraie.

Terre, Mer, Soleil. 10 mensonges des nucléaristes et 3 scénarios verts pour quitter l'énergie nucléaire en 2025 & fossile en 2050, par Jean-Marc Nollet et Julien Vandeburie, éd. Etopia, 125 p.
Terre, Mer, Soleil. 10 mensonges des nucléaristes et 3 scénarios verts pour quitter l’énergie nucléaire en 2025 & fossile en 2050, par Jean-Marc Nollet et Julien Vandeburie, éd. Etopia, 125 p.

« Un mauvais exemple »

 » Pour moi, c’est un mauvais exemple de planification énergétique, comme on le faisait au début des années 2000 « , commente Damien Ernst, professeur à l’ULiège, qui a analysé l’ouvrage pour Le Vif/L’Express. L’écueil de cette étude résulterait d’une confusion de deux combats menés par Ecolo :  » Ils utilisent le renouvelable pour tenter de prouver que l’on peut se passer du nucléaire, mais il est illusoire de penser que l’un pourra se substituer à l’autre à l’échelon national. Les scénarios présentés accordent donc une importance beaucoup trop grande à la production d’énergie renouvelable, au détriment de l’efficacité énergétique et des interconnexions de grande ampleur à l’échelle internationale. Nous avons à présent assez de recul sur les filières vertes pour affirmer que leur mode de développement n’a pas fonctionné en matière de réduction des émissions de CO2 ; il est temps de changer de méthode.  » Une sortie du nucléaire à l’horizon 2025 lui semble néanmoins encore jouable, moyennant la construction urgente de centrales au gaz. Et une entente parfaite, sereine et harmonieuse.

Terre, Mer, Soleil. 10 mensonges des nucléaristes et 3 scénarios verts pour quitter l’énergie nucléaire en 2025 & fossile en 2050, par Jean-Marc Nollet et Julien Vandeburie, éd. Etopia, 125 p.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire