le pont sur la Lys © Capture d'écran Google map

Quand faire le ménage dans les rivières permet de résoudre des affaires criminelles

Muriel Lefevre

En deux jours, la Cellule des personnes disparues a sorti deux voitures de l’eau et permis de résoudre autant d’affaires qui restaient un mystère depuis des années.

En scannant les voies navigables de la Flandre occidentale et orientale, les enquêteurs ont résolu deux disparitions qui restaient mystérieuses. À intervalles réguliers, l’Unité des personnes disparues, la police maritime et les plongeurs du Département de la protection civile fouillent de manière approfondie les voies navigables. Cela se fait à l’aide d’un sonar qui peut détecter des objets invisibles depuis la berge. Le mois dernier, ils ont ainsi repéré quatre voitures : une à Lauwe et trois à Sint-Baaafs-Vijve. Si celle de Lauwe n’était qu’un simple véhicule volé, deux autres épaves vont se révéler beaucoup plus intéressantes puisque leur remorquage devrait permettre de résoudre des affaires de disparitions vieilles de plusieurs années.

Disparus dans la nuit

Mardi, les plongeurs de la protection civile ont sorti une Volkswagen Golf du fond de la Lys. Celle-ci contenait des restes humains. Tout indique qu’il s’agit de ceux d’un homme originaire de Waregem et qui était porté disparu depuis plus de quatre ans. On a retrouvé ses papiers et son portefeuille à l’intérieur du véhicule. Le numéro de châssis a permis de confirmer qu’il s’agissait bien de son véhicule.

L’homme avait quitté son domicile le 24 février 2014 pour entamer son quart de nuit à l’entreprise Beaulieu. Au moment de son départ, il était vêtu de ses vêtements de travail et d’un sac à dos bleu. Mais il n’arrivera jamais à Kruishoutem. Une semaine après sa disparition, le parquet de Courtrai ouvre une enquête. Les nombreuses recherches vont se révéler sans résultats. Selon l’entourage, l’homme avait eu quelques altercations dans le passé avec des collègues d’Unilin, mais ceux-ci résolus au moment de sa disparition. Un mois après la disparition, l’espoir renait fugacement lorsque la police maritime heurte un véhicule dans le canal Courtrai-Bossuit. Ce n’est cependant pas la voiture de Filip Migneau et les recherches s’enlisent. Les enquêteurs espèrent que la découverte de son véhicule permettra de mettre un point final à l’affaire.

Le second remorquage de mercredi fut beaucoup plus épique. Il aura fallu sept heures et quinze minutes et un équipement spécial pour sortir l’Opel Kadett blanche des flots. Elle aura passé 18 ans sous une épaisse couche de vase, non loin du pont de la voie express qui va à Wielsbeke. « Seul le toit ressortait d’une dizaine de centimètres de la vase », soupire le responsable.

image d'illustration
image d’illustration © Belga

Ce véhicule est celui d’un technicien de maintenance de 44 ans au moment des faits. Il a disparu sans explications le 14 janvier 2000. Rien n’indiquait que l’homme avait des problèmes. A 4 heures du matin, le jour de sa disparition, il se rendait sur son lieu de travail, le Sofinal-Cotesa de Kluisbergen, aujourd’hui en faillite. En chemin, il dépasse son voisin. « Je me rendais au travail à vélo. Patrick m’a encore salué. C’était un homme compatissant, un travailleur acharné et un bon vivant. J’ignorais alors que c’était la dernière fois que je le voyais vivant » dit dans Het Laaste Nieuws. Patrick a été vu pour la dernière fois à Anzegem, alors qu’il achetait des cigarettes dans une librairie. Après sa disparition, des recherches intensives ont été effectuées dans l’Escaut que Patrick traversait pour se rendre à son travail. « Il est surprenant que sa voiture ait été trouvée dans la Lys, soit dans la direction opposée. Nul ne sait comment la voiture a atterri au milieu de la rivière. Nous craignons que cela reste à jamais un mystère « , conclut Lieven.

On ne sait pas encore avec certitude ce qui est arrivé aux deux hommes. Une enquête plus approfondie devra déterminer s’il s’agit d’un accident ou d’autre chose. Jeudi, une quatrième épave a été remorquée. Cette fois, c’était une Citroën Berlingo volée il y a trois ans à Harelbeke. Un coffre a été retrouvé dans le coffre. Il a été saisi pour complément d’enquête.

La cellule des personnes disparues veut exhumer 135 corps pour les identifier

Les enquêteurs de la Cellule des personnes disparues vont exhumer jusqu’à 135 corps pour tenter de les identifier. Il s’agit des dépouilles anonymes d’hommes et de femmes enterrés depuis les années 1970. Les enquêteurs disposent depuis le mois de juillet d’une banque de données ADN dédiée aux personnes disparues. Les proches ont le droit de savoir ce qui s’est passé, même si cela fait très longtemps, écrit le quotidien flamand. La plupart des 135 corps qui seront exhumés appartiennent à des hommes. Les corps anonymes sont toujours enterrés dans la commune dans laquelle ils ont été trouvés.

Récemment, les enquêteurs ont pu identifier le corps de Corrie van der Valk, l’héritière disparue en 2001 d’une famille de propriétaires d’hôtels et de restaurants néerlandais. Une analyse ADN a permis de démontrer qu’elle gisait, anonyme, dans une tombe de Bois-de-Villers, un village proche de Namur. Corrie van der Valk a disparu le 7 janvier 2001. Le mystère restait entier jusqu’à ce que la cellule des personnes disparues de la police fédérale ne procède à l’exhumation du corps d’une femme non identifiée, percutée, ce même 7 janvier 2001, par un train sur la ligne Namur-Dinant et le compare à la nouvelle banque de données ADN. « La base de données a permis la résolution de quelques dossiers, mais il est encore trop tôt pour établir un bilan », estime cependant la police fédérale.

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