Raoul Hedebouw (au centre) affirme que le PTB est "conscient de sa responsabilité historique". © Dieter Telemans/id photo agency

PTB : la loi de la rue

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le parti d’extrême gauche refuse toute convergence des gauches sans rejet du cadre néolibéral. La résistance du peuple se fera en manifestant, jusqu’au grand soir.

Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France insoumise, fort de son très beau score au premier tour de la présidentielle française, a longtemps refusé de donner une consigne de vote pour le second tour du 7 mai, ne choisissant pas entre l’En marche ! de Macron et l’extrême droite lepéniste.  » Une faute « , a fustigé Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire général du PS.

En Belgique, Peter Mertens, président du PTB, comprend ce  » ni-ni  » de Mélenchon. Et le justifie :  » Il est alarmant qu’au coeur de l’Europe, une candidate raciste comme Marine Le Pen arrive au deuxième tour. Mais Le Pen est aussi le produit du discours haineux de Sarkozy et de l’austérité européenne sans perspective de Hollande. Le nationalisme extrémiste est l’autre face de la médaille d’une politique extrémiste du marché : nous ne pouvons pas dissocier les deux.  » Voilà le vrai visage du PTB, pour qui le score de Mélenchon au premier tour est une  » base pour la résistance contre la future présidence « . Dans la rue, s’entend…

« Complice de Le Pen »

 » Le PTB est complice de Marine Le Pen « , peste Denis Ducarme, chef de groupe MR à la Chambre.  » Des communistes « , fustige-t-on chez Ecolo ;  » Ce ne sont pas des démocrates ! « , clame au Vif/L’Express Laurette Onkelinx, vice-présidente du PS en dénonçant la  » loi de la rue  » comme seule valeur du parti.

Pour autant, le parti de gauche radicale est donné grand vainqueur des prochains scrutins en Belgique. Le voilà à 20,5 % dans le dernier baromètre La Libre/RTBF du 25 mars dernier, deuxième parti wallon derrière le MR, mais devant le PS. Le voilà, fin mars toujours, à 16,8 % à Liège selon un autre sondage RTL-TVI/Le Soir, en forte hausse avec Ecolo, tandis que le PS s’effondre. Aux yeux du porte-parole Raoul Hedebouw, c’est là que se joue la recomposition structurelle du paysage politique au sud du pays.  » Une part de plus en plus importante du peuple de gauche en a marre de cette gauche traditionnelle qui, au nom du réalisme, a fait avaler les couleuvres de la droite, tonne-t-il. Ce n’est pas seulement l’effet passager de Publifin, ni des drames sociaux à Arcelor, chez ING ou Caterpillar. La remise en question est bien plus profonde. C’est toute une génération qui en a marre d’entendre depuis vingt-cinq ans : « Sans nous, ce serait pire. »  »

Les perspectives sont historiques pour le petit parti maoïste. Raoul Hedebouw reconnaît être noyé sous les demandes et se félicite d’assister à la création de nombreuses sections locales :  » Nous sommes conscients de la responsabilité historique qui est la nôtre. Nous disons aussi aux électeurs que le simple fait de voter pour le PTB ne suffira pas, car les forces de résistance sont importantes. On a coupé les moyens budgétaires de la Grèce pour mettre Syriza les genoux à terre, c’était presque un acte de guerre. Une mobilisation de l’ensemble de la population sera nécessaire. Nous invitons les gens à agir au niveau des comités de quartier, des délégations syndicales, partout où ils le peuvent.  » Une révolution en marche, au sens propre comme au sens figuré.

Et quand Marc Goblet, secrétaire général sortant de la FGTB, en appelle à une union de toute la gauche, il a cette réponse ferme :  » Pas à n’importe quel prix ! Il faut que la Belgique sorte des traités européens contraignants qui imposent l’austérité, votés par le PS et Ecolo. La gauche traditionnelle a intégré les règles du jeu de la société libérale. Nous, nous voulons sortir du cadre néolibéral. On ne nous fera pas le coup que l’on a fait à Ecolo en 1995-2000.  » Une allusion à la convergence des gauches, par laquelle, à l’époque, le rusé Philippe Moureaux (PS) avait piégé les verts en leur volant leur âme.

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