Bernard Wesphael © BELGA

Procès Wesphael: l’avocat général est formel, « Véronique Pirotton a été tuée »

Que s’est-il passé dans la chambre 602 de l’hôtel Mondo à Ostende le 31 octobre 2013? L’accusation a posé un choix entre les trois hypothèses que sont le suicide, l’intoxication alcoolo-médicamenteuse et l’homicide. L’avocat général est formel, « Véronique Pirotton a été tuée » et, selon lui, l’intention d’homicide est parfaitement établie dans le chef de Bernard Wesphael, accusé du meurtre de son épouse.

Après dix jours de procès, L’avocat général reste convaincu de la culpabilité de Bernard Wesphael et ne croit pas au suicide, ni à l’intoxication alcoolo-médicamenteuse. Certes, le taux d’alcoolémie relevé dans le sang de la victime était élevé (2,99 g/l) mais Alain Lescrenier ajoute que deux médicaments se trouvaient en dose toxique, mais pas en dose létale, dans le sang de la victime.

En toute logique, Alain Lescrenier rejoint les experts en médecine légale et en toxicologie, désignés par le juge d’instruction, qui ont exclu une mort par intoxication alcoolo-médicamenteuse. « Véronique était suivie depuis près de dix ans et cela faisait des années qu’elle combinait alcool et médicaments, elle était une personne tolérante », affirme l’avocat général.

Alain Lescrenier n’occulte pas non plus les trente-cinq zones hématiques relevées par les médecins légistes sur le corps de la victime et soutient que la blessure au dessus du nez ne correspond pas à une chute face contre terre, comme décrite par l’accusé lors de la reconstitution. Il n’oublie pas non plus les lésions internes « qui sont considérables » au niveau de la bouche et « qui résultent d’une compression extrêmement forte ».

Mort par étouffement

Il se réfère au rapport d’autopsie qui conclut à une mort par étouffement, et à l’autopsie virtuelle « pas encore appliquée en Wallonie » qui renvoie la contre-expertise demandée par la défense au Moyen-Âge. Il ajoute que la victime était déjà en état d’asystolie quand le réceptionniste et son ami ont débarqué dans la chambre 602 de l’hôtel Mondo. « Vingt-deux blessures ont été mises en évidence au niveau du larynx sans hématomes extérieurs au niveau des joues », constate l’avocat général qui est certain que la mort résulte d’un étouffement avec intervention d’un tiers. « Elle n’a jamais tenu le sac en plastique sur son visage et sa main droite placée en dessous de son corps le prouve », poursuit l’avocat général. Si le suicide et l’intoxication sont impossibles, il reste la thèse de l’homicide pour l’avocat général, « étayée par plusieurs éléments dont quatorze fibres textiles de l’oreiller, extrêmement volatiles, retrouvées sur le visage de la victime », dit-il.

« Cette présence soutient un contact très fort entre l’oreiller et la face de Véronique Pirotton juste avant les faits. En clair, il a probablement utilisé l’oreiller à un moment ou un autre pour étouffer la victime ». Concernant la lésion au foie relevée par les médecins légistes, l’avocat général note que le conseiller technique de la défense s’est trompé sur l’endroit de la lésion en n’étudiant que des photos. « La cage thoracique a été compressée, ce qui implique une lésion au niveau du foie et des poumons ».

« Véronique Pirotton a été tuée. Volontairement? Oui. »

L’avocat s’est aussi penché sur la trace de fond de teint relevée à vingt centimètres du sol, sur une garde-robe en face de la salle de bains. « Cela veut dire que le corps est passé devant cet armoire, elle ne rampait pas, elle a été traînée vers la salle de bains car le meurtre a eu lieu dans la chambre ».

« Véronique Pirotton a été tuée. Volontairement? Oui, quand on utilise de tels moyens, c’était volontaire et ce caractère se déduit du nombre de lésions constatées et du désordre qui régnait dans la chambre. On y trouve toutes les caractéristiques d’une scène de crime, à tout le moins d’une sérieuse bagarre, ce qui correspond à ce que les voisins ont entendu ». Selon l’avocat général, Bernard Wesphael a cessé d’être le gentil chien qu’on caresse et il s’est retourné contre son maître. « L’intention de donner la mort est pour moi évidente », affirme l’avocat général qui a demandé aux jurés de prononcer la culpabilité de Bernard Wesphael pour meurtre. « Combien de temps est-il resté à califourchon sur Mme Pirotton à l’étouffer? Au minimum trois à quatre minutes et il a donc eu le temps de réflechir à ce qu’il faisait. Il a essayé de maquiller l’homicide en suicide en plaquant un sac en plastique sur le visage de Véronique Pirotton. » L’audience a été suspendue et reprendra mercredi matin avec la plaidoirie de la défense.

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