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Procès De Gelder: les puéricultrices culpabilisées

Après la journée d’hier consacrée aux témoignages d’experts, de psychiatres et de gardiens de prison, c’est au tour des puéricultrices de raconter leur journée du 23 janvier 2009. Elles témoignent aussi des séquelles dont elles souffrent encore aujourd’hui.

Rita Van Geyte est la première à prendre la parole. Elle travaillait à la crèche Fabeltjesland depuis 1981. Elle témoigne de « la bonne atmosphère et d’un groupe solide ». Gravement blessée par Kim de Gelder, elle a repris son travail. « Nous essayons de nous adapter, mais ce n’est pas toujours possible. J’ai mal tout le temps. Je me lève en souffrant, je me couche en souffrant. Je me rends toujours chez le kinésithérapeute. Les assurances me disent que ce n’est plus nécessaire. Je paie donc de ma poche, car je ne peux pas vivre sans. » La victime ajoute encore qu' »elle regrette de ne pas avoir fait davantage ». Le président l’assure qu’elle n’a aucune raison de se sentir coupable.

La puéricultrice Katja Van Meersche est effondrée et n’est pas capable de venir témoigner. En outre, elle ne veut pas voir Kim De Gelder. Elle déclare par écrit : « Je me sens coupable, même si j’ai demandé de l’aide. J’ai le sentiment d’avoir abandonné les enfants. Je dors quatre heures par nuit, après je rumine. Je continue à voir les images des faits. Elles ne me lâchent pas. »

Ensuite, c’est au tour de Hilde De Bondt de prendre la parole. Celle-ci a attaqué De Gelder pour défendre ses collègues. Elle aussi éprouve un sentiment de culpabilité: « J’aurais tant voulu le liquider. Après coup, j’ai parcouru toutes sortes de scénarios, et si j’avais eu autre chose à portée de main, il ne serait pas ici aujourd’hui ». Hilde De Bondt s’adresse à De Gelder et lui demande de la regarder dans les yeux. Ce dernier la regarde, détourne le regard, puis la regarde à nouveau. On n’entend pas un bruit dans la salle.

Après vient le témoignage de Marleen Van Damme, la femme de ménage de la crèche. Elle explique comment elle a assisté Rita De Geyte et les bébés mortellement blessés. Elle aussi déclare se sentir coupable de ne pas avoir fait davantage.

Puis, c’est au tour d’une autre puéricultrice, Sabrina Lissens, de raconter les faits. Cette dernière raconte sa tentative de faire sortir les enfants par la terrasse. Elle déclare en pleurant avoir vu un petit garçon se faire poignarder par Kim De Gelder. Dans la salle, plusieurs personnes sont en larmes.

A l’issue de la pause midi, c’est Joyce De Landsheer, stagiaire dans la crèche au moment des faits, qui apporte son témoignage. Elle raconte sa tentative de mettre les petits à l’abri sur la terrasse avant que De Gelder entre dans la pièce. Pour la jeune fille aussi, les séquelles sont graves : elle n’ose plus travailler avec des enfants. En outre, le drame a affecté son parcours scolaire.

Enfin, les éducatrices du centre d’accueil De Rakkertjes situé à côté de Fabeltjesland ont pris la parole. Elles racontent le chaos total qu’elles ont rencontré en arrivant à Fabeltjesland alertées par les cris des victimes. Elles aussi souffrent toujours des séquelles laissées par le drame.

Cette neuvième journée de procès a été très éprouvante. Les témoignages des éducatrices de la crèche faisaient froid dans le dos. De manière frappante, toutes les puéricultrices sans exception ont déclaré être dévorées par un sentiment de culpabilité et certaines gardent même l’impression d’avoir abandonné les enfants.

Quant au responsable du drame, Kim De Gelder, il n’a rien voulu dire à ses victimes, ce qui n’a pas plu du tout au président Koen Defoort et au jury. Dans l’après-midi Defoort a refusé d’encore poser des questions à De Gelder.

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