« Pourquoi tous les politiciens s’imaginent qu’ils gagneront les élections communales »

Les politiques qui font des visites à domicile ou qui rencontrent leurs électeurs sur le terrain sont convaincus qu’ils auront de bons résultats aux élections communales.

Tous, ils se maintiennent, ou progressent même. Comment le savent-ils ? Parce que dans la rue les gens leur parlent d’un ton encourageant, leur tapent sur l’épaule ou les accueillent à bras ouverts lors des visites à domicile. « C’est bien que vous vous présentez, nous en avons assez de l’administration actuelle », leur dit-on. Ou : « Je vous ai toujours bien aimé. Vous avez ma voix. » Eh oui, parfois aussi : « Bien joué, bourgmestre. Ajoutez-y six ans. »

Ces derniers mois, j’ai entendu une multitude d’anecdotes de ce genre en interviewant les candidats locaux. Si certains étaient encore un peu réticents, d’autres étaient carrément certains de la victoire. Ainsi, je suis allé dans une ville où pas moins de quatre têtes de liste sont convaincues de décrocher l’écharpe. « La ville est prête pour moi », déclare une tête de liste. « C’est notre moment. C’est maintenant ou jamais », prétend la concurrence. Ils le sentent tout simplement.

Après, j’aime beaucoup la politique locale et donc je comprends l’enthousiasme de tous ces candidats motivés. Mais soyons un peu réalistes. Si la moitié des partis qui se présentent en ville obtiennent un meilleur score que la dernière fois et que l’autre moitié se maintient, ils obtiendront à peu près 120% des voix, ce qui est impossible. Comme ils le savent très bien, ils sortent des théories compliquées pour expliquer pourquoi la concurrence reculera. Généralement, ils se basent sur ce qu’ils ont senti auprès des personnes. « J’entends tout le temps qu’ils en ont assez de l’administration communale et qu’il est temps de la renouveler » me racontait un candidat. Et c’est évidemment son parti qui assurerait un nouveau tournant.

Cependant, la plupart des têtes de liste sont généralement des gens intelligents qui participent au jeu politique. Beaucoup d’entre eux sont plus roublards que naïfs. Comment se fait-il alors qu’ils croient aveuglément à ce que disent leurs électeurs potentiels ? Pourquoi ne doutent-ils pas de la voix d’un citoyen qui promet sa voix ? « Je pense qu’aujourd’hui on confond plus facilement politesse et sincérité. Parce que nous n’en avons plus l’habitude », suggérait un candidat. Pourrait-il avoir raison ? Les politiques seraient-ils si anéantis par les tonnes d’insultes dont ils font l’objet sur les réseaux sociaux qu’ils se réchauffent aux paroles élogieuses ou simplement aimables ? « C’est très rare qu’on me claque la porte au nez parce qu’on ne veut pas me voir », expliquait un autre candidat. « La plupart disent qu’ils me soutiennent, et ça fait du bien après toutes les critiques que j’ai encaissées ces dernières années. Maintenant je sais que Facebook et Twitter donnent une image déformée de la réalité. »

Il se peut évidemment qu’ils prennent leurs désirs pour des réalités. Peut-être qu’en ligne, libérés du savoir-vivre ou de politesse, les gens proclament leur véritable opinion, et se retiennent quand ils se retrouvent face à un politicien en chair et en os. Et c’est ainsi qu’on se met à croire qu’on a le vent en poupe.

Reste à voir si c’est si grave. C’est comme un cycliste qui sur un pavé difficile puise des forces dans les encouragements criés depuis le bas-côté. Quelle importance si ces cris émanent de supporters de ses adversaires ?

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