Christophe De Caevel

Pourquoi le PS et N-VA devraient-ils prendre « leurs responsabilités »?

Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Deux mois après le scrutin, le monde politique attend toujours que les premiers partis de chaque communauté fassent un pas vers l’un vers l’autre.

Depuis le 26 mai, les appels se sont multipliés pour inviter les deux plus grands partis du pays, la N-VA et le PS à « prendre leurs responsabilités » et à envisager de commencer à négocier ensemble un accord de gouvernement. C’est quoi cette histoire de « prendre ses responsabilités » ? Et pourquoi ces deux partis-là ? Certes, ils sont chacun les premiers dans leur communauté. Une position sans doute agréable mais qui, dans notre système proportionnel, ne confère aucun droit, aucune priorité. D’ailleurs en 2010, le premier parti flamand a été renvoyé dans l’opposition et le 2014, ce fut au tour du premier parti francophone…

Ces premiers partis ont d’autant moins de priorité à revendiquer qu’ils n’affichent respectivement que 25 et 20 députés sur 150. Ils ne sont en fait ni grands ni incontournables. Ils se retrouvent en tête un peu par défaut, après avoir pourtant perdu des quelques sièges. Ils ont bénéficié du fait que ceux qui les suivaient sont aussi en recul, tandis que les partis qui ont gagné le 26 mai venaient de beaucoup trop loin pour les rattraper.

Si l’on pousse aujourd’hui le PS et la N-VA à prendre langue, c’est parce que personne n’a de solution de repli à sortir de son chapeau. Ou plutôt parce que les options et exclusives des uns et des autres empêchent toute hypothèse alternative (l’open VLD préfèrerait sans les écologistes, le cdH a choisi l’opposition, tout le monde veut une coalition majoritaire au moins dans sa propre communauté et personne ne souhaite négocier avec les partis extrémistes). A ce stade, il ne semble dès lors pas y avoir de majorité fédérale sans la présence conjuguée du PS et de la N-VA. Ils ne sont pas incontournables à cause de leur score électoral mais bien en raison de ce jeu de positionnement généralisé.

Les milieux économiques pressent Elio Di Rupo et Bart De Wever de monter en première ligne pour éviter une dérive budgétaire, pour tenir le gouvernail lors des secousses du Brexit, pour continuer à adapter notre modèle social aux impératifs du vieillissement. Très bien. Mais leurs partis ont tenu, en campagne, des discours aux antipodes l’un de l’autre. Ils se sont même profilés comme le meilleur rempart face à l’autre. Faudrait-il, deux mois plus tard, balayer tout cela et encore espérer, en prime, combler le fameux fossé entre les citoyens et le monde politique ? Au nom de quoi, le parti de Bart De Wever devrait-il soudainement défendre une politique de gauche pour former un gouvernement fédéral ? Et s’il devait le faire (ou si Elio Di Rupo devait finalement opter pour une négociation avec la N-VA), on n’est pas convaincu que tous ceux qui appellent aujourd’hui à ces « prises de responsabilité » applaudiraient à tout rompre…

Même voter des douzièmes provisoires pour assurer le fonctionnement de l’Etat n’est pas évident. Cela revient à laisser continuer la même chose. On le comprendrait de la part des partis de la majorité sortante mais pourquoi diable le PS, qui n’a eu de cesse de dénoncer les choix du gouvernement Michel, devrait-il maintenant « simplement » prolonger ces choix, sans y apporter de nouvelles orientations ? Nous, électeurs, avons peut-être distribué les cartes un peu bizarrement aux partis politiques. Laissons-leur maintenant le temps nécessaire de réfléchir à la manière la plus opportune de les jouer. Ou de décider qu’il vaudrait mieux rebattre ces cartes, c’est-à-dire de convoquer des élections anticipées.

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