Tom Van Grieken © Belga

Pourquoi ils ont voté pour le Vlaams Belang

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Près d’un électeur flamand sur cinq a voté pour le Vlaams Belang. Si le parti a récupéré des voix perdues par la N-VA, il a brassé plus large lors de sa campagne, notamment en approchant les jeunes sur les réseaux sociaux et en abordant des thèmes comme la pension ou la justice. Sept Flamands expliquent au quotidien Morgen et à VRT NWS pourquoi ils ont fait ce choix.

Tim, 21 ans, étudiant et entrepreneur, Mortsel

« Ils ont très bien défendu leurs positions et si vous regardez Tom Van Grieken, c’est un état d’esprit très différent de Filip Dewinter, beaucoup plus jeune et aussi moins radical. Je pense que pour beaucoup de jeunes, c’est un facteur très important pour voter aujourd’hui pour le Belang. » Compte-t-il voter à nouveau pour le Vlaams Belang dans le futur ? « S’il y a d’autres partis avec des points de vue différents qui vont plus dans mon sens dans 5 ans, il est possible que je vote très à gauche. »

Shana, 39 ans, représentante au port d’Anvers, Zandvliet

Fille de socialistes convaincus, Shana a voté PTB aux élections de 2014. Aujourd’hui, si elle vote Vlaams Belang, c’est suite à l’annonce de la construction d’un centre d’asile à Zandvliet. « J’ai déménagé de Kontich dans un quartier tranquille, où mes trois enfants peuvent encore jouer dans la rue. Nous n’avons plus de bureau de police – que vont-ils faire si une rixe éclate derrière ce mur de cinq mètres de haut ? Je veux que mes enfants soient en sécurité », explique-t-elle au Morgen.

« J’avais le sentiment que mon vote était indispensable », dit-elle. « Non pas que je sois d’extrême droite ou raciste, absolument pas. Je ne dis pas à mes enfants de ne pas approcher les enfants de couleur. Mais l’arrivée de ce centre d’asile me fait peur. Même si l’on peut se demander si le Vlaams Belang peut changer quoi que ce soit : ce vote est avant tout un bras d’honneur au gouvernement actuel. »

Gino, 60 ans, développeur indépendant, Wevelgem

C’est la première fois qu’il vote pour le Vlaams Belang parce qu’il veut du changement : « Avant, je votais pour l’Open VLD, mais je n’aimais plus ce parti. Du coup je suis passé à la N-VA, ou , pour moi, la frontière avec le Vlaams Belang est très minime. Je me suis dit : ‘Je vais essayer le Vlaams Belang et voir ce que ça donne' ». Pour lui, la migration, la pension et l’honnêteté sont des thématiques importantes. « Je trouve dommage que la N-VA et le Vlaams Belang n’aient pas la majorité en Flandre. »

Martine 53 ans, employée administrative, Oud-Turnhout

Fidèle de la N-VA, Martine se dit déçue par Theo Francken. « Il s’est laissé mettre de côté très facilement, ce qui a permis à son successeur de mener une autre politique. Pour elle, la sécurité est la priorité. « J’ai une fille de douze ans et quand je l’emmène à l’académie de musique de Turnhout, je ne me sens plus en sécurité. Des jeunes d’origine étrangère passent en voiture et profèrent des insultes. Des ghettos se forment progressivement dans le centre », raconte-t-elle au quotidien De Morgen.

Albert, 21 ans, étudiant et DJ, Courtrai

Il a « l’impression qu’il y a de plus en plus de sympathie pour le Vlaams Belang chez les jeunes », notamment grâce aux réseaux sociaux. S’il a voté pour ce parti, c’est pour que l’on s’attaque plus durement à la criminalité, que les pensions augmentent et parce que les partis traditionnels n’offrent pas d’alternative. « Le Vlaams Belang est vraiment proche du peuple. Ils écoutent les gens et cherchent des solutions constructives. (…) Les gens sont frustrés et le VB a obtenu beaucoup de votes de protestation. » En tant que DJ, il n’est pas contre une société multiculturelle, « mais seulement si chacun fait sa part ».

Sammy, 39 ans, coiffeur, Izegem

Célibataire et homosexuel, Sammy a toujours voté VU et N-VA. « J’ai été élevé dans une famille catholique stricte et je suis très conscient de leurs opinions sur la famille traditionnelle. Ce que Dries Van Langenhove dit du mariage gay m’a un peu fait peur, c’est pourquoi j’ai contacté Tom Van Grieken. Il m’a dit qu’une voix pour le Vlaams Belang ne signifiait pas que les droits acquis de la communauté gay, lesbienne et transgenre seraient bafoués. »

Si le coiffeur a décidé de voter VB, c’est à cause d’un certain nombre de violences dont il a été victime. « En tant qu’homosexuel, j’ai été poursuivi par des jeunes issus de minorités ethniques, lapidé avec des ordures et battu jusqu’à ce que je me retrouve à l’hôpital. Je pense que nous, les nouveaux électeurs du Vlaams Belang, avons voulu réveiller notre pays et dire clairement que nous en avons assez de la politique des cinq dernières années. Nous ne nous attendions probablement pas à ce qu’il gouverne, mais si c’est le cas, la N-VA sera toujours en mesure de les freiner. Mais je ne regrette pas mon vote »

Eddy, 72 ans, pensionné, Hasselt

Il se décrit comme un partisan N-VA, mais les évènements récents de sa vie – il a été victime d’un mariage gris – l’ont amené à voter Vlaams Belang pour la première fois. Pour lui, les questions plus importantes sont les pensions, la justice et l’immigration. « Quand j’entends combien de mariages blancs il y a ici dans le Limbourg, je ne peux pas être d’accord. J’ai frappé à la porte des politiciens et des tribunaux, mais rien. »

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