Olivier Mouton

Pour sauver le cordon sanitaire, parler avec la N-VA ou la contourner

Olivier Mouton Journaliste

C’est le grand paradoxe de de cette soirée électorale marquée par une forte hausse du Vlaams Belang en Flandre, en plus d’une chute de la N-VA : pour éviter une rupture du cordon sanitaire, les partis francophones pourraient être contraints de reconnaître Bart De Wever comme un interlocuteur, contrairement aux exclusives posées- pas par le MR… – durant la campagne.

Cela peut paraître inaudible ? Pour l’heure, sans doute. Mais cela pourrait s’imposer rapidement, pour une raison très pragmatique. A moins qu’une formule plus audacieuse ne voit le jour, comme une grande union belge mettant tous les nationalistes flamands de côté.

La question est épineuse. Un noeud et un danger. En cette soirée de marée brune, certaines voix sont tentées, en Flandre, par une rupture du cordon sanitaire, une alliance entre la N-VA et le Vlaams Belang. C’est démocratiquement indéfendable, bien sûr. Mais cette tentation repose sur des faits : le maintien de la N-VA en tête des votes en Flandre, en chute, mais toujours au-dessus des 25%, tandis que l’extrême droite fait plus que tripler son score, à quelque 18%. C’est une Flandre très à droite. Ce sont aussi, deux partis qui ont un point commun, et non des moindres : la volonté d’une indépendance de la Flandre.

Filipe Dewinter, figure historique du Vlaams Belang, plaide ce dimanche soir pour une « coalition des braves » et lance un appel à tous les partis démocratiques acceptant de collaborer avec lui. Le sujet fait l’objet de discussions au sein de la N-VA. Bart De Wever, son président, a réitéré son exclusive à l’égard du PS et d’Ecolo – sauf à mettre en place le confédéralisme. Mais vis-à-vis du Belang, pas un mot. Une tentation réelle de travailler avec lui ? Le moment pourrait être historique pour la N-VA, si une majorité se dégageait en faveur de l’indépendance. Mais ce scénario à la Bye Bye Belgium n’est pas le plus probable. Au sommet de la N-VA, ce n’est pas l’option que l’on privilégie.

La N-VA reste maître du jeu en Flandre et pourrait renouer la Suédoise au gouvernement flamand avec le CD&V et l’Open VLD. Elle pourrait aussi mettre en place une quadripartite. De quoi faire levier sur les négociations fédérales et bloquer le jeu. Pour sauver le cordon sanitaire, il faudra sans doute parler avec la N-VA. Le MR est prêt. Les autres devraient, dans ce cas, manger leur parole. Quitte à ce que ce soit pour mettre en place le confédéralisme !

Tous les partis francophones, sauf le MR, ont tous réitéré leur volonté de ne pas parler avec la N-VA pour former une majorité fédérale. Cette promesse risque d’être intenable, sauf à bloquer le pays pour très longtemps. A moins qu’une formule audacieuse ne voit le jour. Une forme d’union nationale alliant les quatre familles traditionnelles au fédéral pourrait s’imposer, à terme : libéraux, socialistes, sociaux-chrétiens et écologistes. Mais dans ces partis-là, que de blessures ! Ce serait en outre une coalition des perdants, allant à l’encontre de la volonté flamande. Une coalition « francophone » avec une minorité au Nord du pays – une situation inverse de celle de la législature précédente – pourrait traverser l’esprit de certains, mais semble difficile à envisager.

Les résultats de ce 26 mai, qui décoiffent en Flandre, sont toutefois de nature à permettre des formules que l’on imaginait impensable jusqu’ici…

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