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Pour les animaux, les périodes de vacances n’annoncent rien de bon

Stagiaire Le Vif

Chaque été, les refuges sont remplis de chatons, de chats et de chiens, victimes des départs en vacances de leurs maîtres. Si l’été est synonyme de soleil et de plages pour les vacanciers, pour les refuges c’est la pire période de l’année.

En Belgique, environ 60 000 chiens et chats sont recueillis chaque année dans les refuges. Les critères d’abandons peuvent être très différents : manque de place ou de temps, hospitalisation du propriétaire, l’arrivée d’un enfant, le comportement de l’animal… Mais l’été est la pire période qui connaît le plus d’abandons.

Que faire de ces animaux pendant les vacances ?

Il existe de nombreuses alternatives pour placer vos amis à quatre pattes pendant les vacances. Famille, amis, voisins : en plus de l’entourage, il existe de nombreuses possibilités pour placer les animaux de compagnie : la plus connue est sans doute la pension. Il en existe pour chien, chat, et autres animaux, cependant, il faut se renseigner, car toutes ne font pas les nouveaux animaux domestiques (NAC), comme les lézards ou les serpents. Il est aussi possible de trouver via internet ou un vétérinaire, des familles d’accueil, ou des pet sitters, qui offrent leurs services pour garder les animaux. Holidog, par exemple, met en relation des propriétaires d’animaux et des pet sitters sur internet. Les prix varient selon les personnes, les services et les périodes, mais la multitude de possibilités permet des solutions raisonnables et confortables pour les animaux.

On ne peut pas chiffrer le temps moyen des animaux dans les refuges : certains y restent quelques heures, d’autres des années.

De mai à septembre : les refuges sont pleins de chatons

Veeweyde accueille plus de 2000 chats par an, mais les flux d’arrivées varient selon les périodes. A partir de la fin du mois d’avril, commence l’arrivée massive de chatons. C’est une problématique importante qui revient chaque été. Dans ce contexte, le ministre du Bien-être animal, Carlo Di Antonio, a mené une opération de stérilisation pour lutter contre la prolifération des chats errants en Wallonie. Concrètement, en Région de Bruxelles-Capitale, tous les chats nés après le 1er janvier 2018, date d’entrée en vigueur de la future loi, devront être stérilisés.

« L’effet pervers » de la loi sur la stérilisation

Mais cette loi représente « des effets pervers », selon une vétérinaire du refuge de Veeweyde. Ca pousserait le propriétaire à se débarrasser de ses chatons pour éviter les frais de la stérilisation : « De peur d’être sanctionné s’ils n’ont pas suivi cette loi, ils préfèreront les abandonner dans la rue plutôt que de les amener au refuge (…) s’il vous plaît n’abandonnez pas vos chats dans les rues ! », explique la vétérinaire.

La législation au sujet du bien-être animal pause donc débat, un vétérinaire expliquait que : « souvent les nouvelles lois sont des manoeuvres électorales, elles sont prises à la va-vite sans consulter les personnes de terrains ».

Les premières victimes d’abandons sont les grands chiens

En plus de la vague de chatons, durant l’été, les refuges doivent faire face à beaucoup d’abandons de chiens. Veeweyde en accueille en moyenne 120 par mois. Parmi eux, 70 % sont récupérés: perdus ou errants, ils ont été amenés par les services de police en attendant de retrouver leur propriétaire.

Pour les autres, il s’agit d’abandons. Ludivine Nolf, la porte-parole de Veeweyde explique qu’il s’agit souvent de foyers qui ont leur chien depuis moins d’un an, et qui à l’aube de leurs premières vacances d’été décident de s’en séparer. Se sont les grands chiens qui sont le plus sujet à l’abandon : bergers allemands, bergers malinois, american staff,…

Éviter d’autres abandons

A la différence des élevages, ou des ventes d’animaux entre particuliers, les refuges font remplir un formulaire à ceux qui souhaitent adopter un animal. Une description du lieu dans lequel l’animal sera accueilli, combien de temps passera-t-il seul chaque jour : voilà le type de renseignements demandés. L’objectif est de permettre une adoption dans les meilleures circonstances possible.Il arrive que le refuge fasse une pré-inspection, afin de voir si, le mode de vie du futur foyer d’accueil est adapté à l’animal. Beaucoup de chiens, par exemple, finissent dans des refuges parce que les propriétaires ne pensaient pas que ça prendrait autant de temps ou que le chien deviendrait si grand : les refuges veillent donc à ne pas réitérer une mauvaise expérience pour ces animaux. Après l’adoption, dans tous les cas, il y a une vérification qui est faite à l’improviste.

Les difficultés des refuges

Sans subsides, ce sont les dons qui permettent aux refuges d’exister. Mais de telles infrastructures représentent un coût important : entretien, équipe de soigneurs, vétérinaires… Des bénévoles viennent aussi donner de leur temps pour sortir les chiens. « Ce n’est pas toujours facile, mais être chez moi en sachant qu’ils sont enfermés c’est encore pire », explique Delphine, bénévole chez Veeweyde.

Les équipes regrettent que plus de précautions ne soient pas prises au moment des acquisitions des animaux. Beaucoup d’abandons restent liés à la méconnaissance des contraintes qu’implique la possession d’un animal.

« L’offre créée la demande », explique Ludivine Nolf, porte-parole de Veeweyde, en montrant un chinchilla dans le refuge. « Cet animal, venu d’Amérique du Sud, est complètement dénaturé. Les gens en achètent parce qu’ils les voient dans des magasins ou sur internet. (…) C’est parce qu’ils les voient qu’ils les veulent ».

Ca a aussi été le cas pour les tortues californiennes. Importées et vendues dans toutes les animaleries à prix dérisoires. Après quelques mois, les acheteurs finissaient par les relâcher dans la nature. C’est alors, qu’on a vu ces tortues envahirent les étangs bruxellois, il y a quelques années. « Ils les vendaient un euro, peut-être que si elles avaient coûté trente ou quarante euros, ça aurait dissuader les gens d’en acheter », explique une vétérinaire.

Internet aussi peut être négatif dans certains cas. Les refuges regrettent par exemple, les dons ou les ventes d’animaux qui se font sur les réseaux sociaux sans aucun contrôle. La puce ou l’enregistrement du chien sont pourtant obligatoires, mais dans ce contexte là, il arrive souvent que les gens ne soient pas vigilants à cette législation. Si l’animal est abandonné par la suite, il est impossible de retrouver et de verbaliser le propriétaire. Alors que, rappelons-le, abandonner un animal peut être sanctionné d’une amende et même d’une peine de prison.

Océane Cordier

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