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Police : on supprime bien les chevaux

Le Vif

Un projet d’étude réalisé par le cabinet de Jan Jambon (NVA) remet en cause la valeur ajoutée de la cavalerie fédérale. Ce projet, actuellement soumis à la décision du ministre de l’Intérieur, propose la suppression totale de l’outil « cheval » au sein de la police fédérale.

Bien visibles pour ce 21 juillet dans la capitale, les policiers cavaliers refusent cependant d’être réduits aux longues patrouilles et aux missions protocolaires.

Depuis janvier 2015, la « Police à cheval » en tant que telle, n’existe déjà plus. Celle-ci a été intégrée à la direction de sécurité publique de la police fédérale en tant que service spécialisé comme les équipes d’arroseuses, de lacrymogènes, de pc mobiles, de vidéos, etc. Or, selon le projet soumis au ministre de l’Intérieur, les interventions répressives des policiers à cheval lors des évènements dits violents auraient fortement diminué.

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Les policiers cavaliers, inquiets, répondent que si ces interventions ont diminué, c’est justement parce que leur travail consiste à éviter ce genre d’interventions. « On travaille pour ne pas en arriver là! », précise Pierre Jacobs, commandant de l’escorte royale et commissionnaire divisionnaire de la Zone de Rochefort. Pourtant, régulièrement, les équipes de cavalerie sont confrontées à des contextes de violences et de maintien de la sécurité où leur « spécialité » sera indispensable. Le cheval a, en effet, la capacité d’accès à certains terrains, propre et complémentaire aux autres véhicules (motos, vélos, voitures), mais aussi aux autres « outils d’intervention » comme l’arroseuse, les lacrymogènes, etc.

À cheval, on est vu de loin, mais nous voyons aussi de loin… et surtout de haut

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« À cheval, on est vu de loin, mais nous voyons aussi de loin… et surtout de haut. Lorsque tu dois rechercher et attraper quelqu’un dans un parking, en moto, tu ne vas pas voir quelqu’un accroupi, à cheval, si. Même chose dans les dunes ou en bord de mer, on ne va pas rattraper quelqu’un dans ce milieu là, à pied ou en moto. » Le commandant et commissaire ne veut pas sous-estimer ses autres collègues et évoque plutôt un travail de synergie entre les différentes sections au sein de la police, mais aussi avec certains partenaires ou référents comme les garde-côtes, secouristes, responsables environnementaux ou éducateurs de rue.

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La cavalerie peut en effet, passer rapidement d’un mode d’intervention à un autre : du mode attractif ou préventif, il peut adopter rapidement un mode répressif, de par la masse et la mobilité du cheval. Lors de matchs de football avec présence de hooligans, les policiers à cheval sont les seuls à être présents du début jusqu’à la fin de l’évènement. Ils patrouillent, s’informent puis interviennent ou non. Les équipes d’ arroseuses n’interviennent, elles, que lorsqu’une situation se dégrade. Les chevaux se montrent également particulièrement nécessaires sur le terrain des bois et forêts. « Les chevaux n’abiment ou ne s’enlisent pas. Lors de battues pour des personnes disparues, on accède plus facilement à certaines zones isolées à cheval. Il est également plus facile d’aborder les gens directement, sans vitres ou moteur. « 

Gustave Lebon dans son ouvrage «  La psychologie des foules  » exprimait cette idée du « pouvoir équilibré » que suggère le cheval. « La foule est comme le cheval, émotive, impulsive, irritable, crédule, facilement impressionnable – sa manipulation ne diffère donc guère du maniement du cheval. Le cavalier comme le meneur doit faire preuve à la fois de fermeté et de douceur. »

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De retour de mission au Festival de Dour, dans les forêts ardennaises, au Beau Vélo de Ravel ou à la côte, la plupart des cavaliers fédéraux se retrouvent aujourd’hui en représentation dans Bruxelles pour accompagner l’escorte royale.

Jeanne Delobel

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