Thierry Denoël

Plan SNCB : et si on rendait le rail aux usagers !

Thierry Denoël Journaliste au Vif

Suppression des petites lignes et des petites gares… La SNCB persiste dans sa logique d’économies et de rentabilité. Est-ce digne d’un service public ? C’est la crise, mon bon monsieur ! Si vous n’êtes pas d’accord, vous pourrez le faire savoir le 25 mai prochain. Pas avant ?

A peine dévoilé dans ses grandes lignes, déjà critiqué tous azimuts. Le nouveau plan de la SNCB réduit son offre pour les liaisons les moins rentables. Pas moins de 22 connections quotidiennes directes entre Quévy et Bruxelles seront supprimées, en heures creuses, et remplacées par des… navettes de bus toutes les deux heures. Les trains semi-direct IR sont condamnés à mort. De manière générale, les grandes gares seront mieux desservies au détriment des petites gares. Certaines seront même rayées de la carte : ainsi, comme l’épingle L’Echo de ce matin, la gare Bruxelles-la-Chapelle, car il n’y a « que » 54 usagers qui y prennent le train chaque jour. Idem pour la gare de Bruxelles-Congrès, pourtant utilisée par 1 186 navetteurs quotidiens, mais qui est proche de la gare du Nord. Et donc, rationalisation des coûts oblige…

Fin 2012, la SNCB avait déjà supprimé 193 trains qui concernaient « seulement » 2 800 voyageurs, en demandant des alternatives au TEC et à De Lijn pour pallier ces nouveaux trous dans les transports ferroviaires. Hors emploi, cela représentait une économie de 26 millions d’euros. Message : les navetteurs minoritaires devront se débrouiller… La tentation de se concentrer sur les grandes gares et les lignes les plus fréquentées se renforce encore aujourd’hui.

Avec une dette de 3,3 milliards d’euros, le mot d’ordre est clair : économie ! En ces temps de récession, la tendance est lourde au sein des services publics, au risque de leur faire perdre leur âme. Il faut rentabiliser ! Pas le choix… La nécessité de rééquilibrer les finances publiques prime sur tout. Conséquence, l’Etat « service public » vit une crise de légitimité. Il ne peut plus tenir ses promesses. Plus comme avant.

Une solution pour surmonter cette morosité grandissante est de rendre aux citoyens le contrôle des services publics. Pas seulement une fois tous les cinq-six ans en allant aux urnes, mais en s’impliquant au quotidien dans les domaines publics dont nous dépendons. Cela ne signifie pas davantage de moyens pour autant, mais bien des choix consentis. Ces idées neuves sont développées dans de récentes publications de l’Institute for Public Policy Research de Londres, qui réfléchit de manière intéressante à l’avenir des services publics. Au sein de la SNCB, il existe un Comité consultatif des usagers (CCU). Derrière sa ronflante appellation officielle, cet organe ressemble à une coquille vide. Il n’a de consultatif que le nom. Dommage.

Thierry Denoël

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