Drieu Godefridi

Peut-on sauver le MR ?

Drieu Godefridi PhD (Sorbonne), juriste et auteur

Etant celui qui annonce depuis deux ans les difficultés que rencontre aujourd’hui le MR, on s’étonnera sans doute de me voir soutenir que ce parti peut encore être sauvé.

Pourtant, je le soutiens : oui, le MR peut encore limiter les dégâts pour les élections de mai.

Il me semble que, pour ce faire, deux conditions doivent impérativement être rencontrées.

La première est d’admettre et reconnaître les erreurs commises. Sur le pacte de Marrakech comme dans le domaine de l’écologisme à outrance, le peuple de droite se sent trahi par les dirigeants actuels du MR. Il n’existait aucune raison valable ni même rationnelle de signer « Marrakech », moins encore de faire tomber le gouvernement fédéral sur cette norme qui ne dit pas son nom. Tout cela dans un cortège d’injures à l’égard d’un partenaire, la N-VA, sans lequel jamais le MR, rappelons-le, ne serait revenu aux affaires.

Sur l’écologie, le parti libéral doit retrouver ses esprits et quitter son positionnement à la gauche d’ECOLO. La sortie autoritaire et forcée du nucléaire en 2025 provoquera immanquablement une nouvelle explosion de la facture électrique des ménages et de ces classes moyennes qui votent encore, pour partie, MR, et conduira tout aussi irrésistiblement à une augmentation vertigineuse des émissions de CO2 — le comble, pour une politique qui se veut « écologiste ». Aucun expert sérieux sur ces questions ne conteste ces deux effets mécaniques de la sortie fétichiste du nucléaire en 2025.

Reconnaissant ses erreurs, le MR devrait se joindre à la N-VA pour réclamer le maintien à tout le moins de deux réacteurs nucléaires jusque 2045 — d’ailleurs inévitable — sans fermer la porte à la construction de nouveaux réacteurs.

Deuxième condition au sauvetage du MR : l’organisation d’une élection présidentielle, dans un délai court, comme le réclamaient récemment de jeunes élus du parti. Cette élection devait être organisée en décembre; elle ne l’a pas été. On a choisi de prolonger le mandat de M. Olivier Chastel, en fraude des principes d’organisation du parti, avant de le débarquer en raison de ses insuffisances ! Ce double manquement aux principes d’organisation du MR — parti dont je rappelle qu’il est financé par l’argent public — entache l’actuelle présidence et chacun de ses actes d’irrégularité.

Surtout, l’organisation d’une élection présidentielle est seule à même de permettre l’émergence d’une nouvelle génération, qui dépasse des clans démonétisés.

En conclusion : oui, le MR peut encore être sauvé. Mais le parti libéral doit reconnaître ses erreurs substantielles, et permettre l’émergence d’une nouvelle génération de dirigeants.

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