Marie-Martine Schyns, ministre de l'Education de la Fédération Wallonie-Bruxelles, lors de la rentrée 2018-2019. © BELGA

Pénurie de profs: les mesures phares de la ministre

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

La pénurie d’enseignants est un des larges problèmes qui touchent la profession. La ministre de l’Education Marie-Martine Schyns a profité des vacances d’été pour établir un plan d’attaque. En voici les principaux éléments.

Au cours de l’année scolaire, certaines classes devront faire face à un manque d’enseignants. Que faire pour contrer cette pénurie qui touche la profession ? Interrogée ce matin sur les ondes de La Première, la ministre cdH de l’Education auprès de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Marie-Martine Schyns, précise qu' »aujourd’hui, c’est la rentrée, il y a des enseignants dans les classes ». Mais la pénurie ne peut être niée, le secteur en fait d’ailleurs l’expérience chaque année. Elle est « ciblée, à certains moments de l’année, pour certaines zones et dans certaines disciplines », notamment à cause de la difficulté de trouver des remplaçants quand le problème se présente.

Pour pallier ce manque, la ministre s’est donné comme objectif de revenir à la rentrée 2018 avec dix « propositions très concrètes ». En voici quelques-unes.

Accès au métier

Outre valoriser l’ancienneté et l’aménagement des fins de carrières, le ministre Schyns veut favoriser l’accès aux « personnes qui viendraient d’autres secteurs que celui de l’enseignement ». Le but : rendre le métier plus attractif pour des personnes au parcours moins classiques, qui ne se destinaient pas à la base à une carrière de professeur, mais qui « ont des titres pour enseigner » et dont l’expérience dans un autre domaine peut devenir un atout. Ils pourront se voir proposer de vraies perspectives de carrière s’ils s’acquittent d’un titre pédagogique officiel (agrégation ou Certificat d’aptitude pédagogique).

Elle souhaite également faciliter le retour au métier, même à temps partiel, pour des personnes qui ont précédemment quitté la profession (DPPR, disponibilités pour convenances personnelles précédant la pension de retraite). Ce n’est pour l’instant pas prévu par la loi, mais la ministre aimerait que cette réversibilité soit permise.

Il est également question de recruter du personnel chargé d’activités d’encadrement pédagogique, afin que les élèves ne soient pas en étude libre ou renvoyés chez eux lors de l’absence d’un professeur, détaille Le Soir, qui dévoilait ce week-end les éléments essentiels des propositions de la ministre.

Enseignants débutants

Elle souhaite également mettre l’accent sur l’accompagnement des enseignants qui débutent leur carrière, car trop de jeunes professeurs « quittent la carrière trop rapidement », regrette-t-elle. Pour ce faire, elle a notamment repris une idée de plateforme pour jeunes enseignants, suggérée par la CSC. « Cette plateforme d’enseignants débutants permet d’avoir un contrat stable pour certains jeunes enseignants, mais permet aussi aux directeurs d’aller dans ce pool pour chercher un remplaçant et l’avoir directement ». Cette expérience devrait être mise en place pour la rentrée prochaine.

Heures supplémentaires

Une autre proposition dévoilée dans la presse ces derniers jours est la possibilité pour les enseignants de faire des heures supplémentaires rémunérées, afin de remplacer ponctuellement un collègue absent ou une fonction en pénurie. « C’est uniquement en cas de pénurie (…) et sur base volontaire des enseignants », rappelle la ministre.

Ces propositions sont à présent en discussions avec les différents acteurs et seront proposées au gouvernement. Selon la ministre, certaines pourraient déjà faire l’objet de discussions dès le mois d’octobre ou novembre au Parlement et être mises en place durant cette année scolaire. Les autres mettront un peu plus de temps, si elles font l’objet d’un vote favorable.

Marie-Martine Schyns lors de la rentrée 2018-2019 à l'Ecole des Charmilles (Thy-Le-Chateau).
Marie-Martine Schyns lors de la rentrée 2018-2019 à l’Ecole des Charmilles (Thy-Le-Chateau).© BELGA
Où en est le Pacte d’Excellence ?

Marie-Martine Schyns insiste : le secteur avait besoin que les acteurs se mettent autour de la table pour améliorer le système scolaire. Une feuille de route, notamment inspirée de ce qui se fait dans les pays voisins, a été établie au printemps 2017, le fameux « Pacte pour un enseignement d’Excellence ». Parmi les mesures phares de ce texte visant à améliorer la qualité de l’enseignement, on retrouve le tronc commun élargi, des mesures pour éviter le redoublement, des initiatives pour une meilleure formation des enseignants et une nouvelle gouvernance ciblée davantage sur la pédagogie et moins sur l’administratif.

Le Pacte doit désormais être traduit en textes législatifs, qui doivent être votés au Parlement. Pour différentes raisons, le processus a pris du retard. Beaucoup d’observateurs estiment cependant qu’un maximum de textes doit être validé avant la fin de la législature et un possible changement de majorité. La ministre qualifie cet accord « d’équilibre » et est « persuadée que le prochain gouvernement, quel qu’il soit, devra tenir compte de cette feuille de route et surtout continuer à avancer avec les acteurs autour de cet accord », assure-t-elle sur les ondes de la RTBF.

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