La ministre de l'Energie, Marie Christine Marghem. © Belga - NICOLAS MAETERLINCK

Pénurie d’électricité: Marghem estime que la responsabilité d’Electrabel est « lourdement engagée »

La ministre fédérale de l’Énergie Marie Christine Marghem estime au nom du gouvernement fédéral que la « responsabilité » d’Electrabel est « lourdement engagée » après le « coup de tonnerre » de l’annonce de la non disponibilité de six des sept réacteurs nucléaires en novembre.

Cette responsabilité est engagée au regard du caractère sensible de l’opérateur, producteur de 54% de l’électricité en Belgique. Il y a une responsabilité en termes de planification de la révision des réacteurs, qui a une conséquence sur l’atmosphère des marchés et les contrats variables, voire même sur les contrats fixes.

A l’origine de la polémique se trouve l’annonce de la non disponibilité des réacteurs de Tihange 2 et 3 dans les prochains mois, alors que quatre autres réacteurs ne seront pas non plus disponibles dans les prochaines semaines. La ministre Marghem avait jugé fin août, sur la base de l’analyse du gestionnaire du réseau Elia, que la réserve stratégique ne devait pas être activée. Entre-temps, vu la détérioration de la situation, le Bureau du plan évoque un risque de rupture de courant. Pour Marie Christine Marghem, il y a un problème de communication de la planification dans le chef d’Electrabel.

Analyse de la responsabilité d’Electrabel en cours

« Il y a une information ‘REMIT’, c’est-à-dire l’information que tout exploitant doit donner au marché en toute transparence (règlement européen ‘Regulation on wholesale Market Integrity and Transparency’), une information qui est retenue par l’exploitant jusqu’au moment où elle devient précise, et qui ne peut être délivrée à aucun tiers. Cette information arrive le vendredi matin. J’apprends que Tihange 3 et Tihange 2 ne vont pas rouvrir comme prévu en septembre et en octobre mais en mars et en juin 2019 ».

L’analyse de la « responsabilité juridique » d’Electrabel est en cours. C’est Elia qui en est chargée et qui interrogera Electrabel. Même si elle estime que la situation est plus grave qu’en 2014, la ministre n’envisage pas encore cette fois de campagne spécifique ou de plan de délestage. L’ensemble des opportunités est examinée, en termes de source d’approvisionnement de l’électricité, dont l’interconnexion avec l’étranger. D’autres solutions pourraient être envisagées à terme, dont la réquisition, sachant qu’il existe à Vilvorde une centrale au gaz hors marché.

Pas de réserve stratégique

La ministre n’envisage pas de réactiver la réserve stratégique, devenue obsolète depuis que le principe du mécanisme de rémunération de capacité a stimulé les centrales au gaz à effectuer leur retour sur le marché, dans le cadre de la transition énergétique définie par le pacte. Mme Marghem a rappelé lundi les initiatives prises pour préparer la transition énergétique, notamment l’éolien. Elle évacue toute responsabilité ministérielle, renvoyant à la responsabilité opérationnelle d’Electrabel et à la responsabilité technique d’Elia sur laquelle elle fonde son analyse politique.

Elia est l’interlocuteur d’Electrabel. Elle renvoie aussi à ceux qui ont voté en 2003 la sortie du nucléaire sans plan d’accompagnement. La ministre s’exprimera mercredi au parlement. Elle répondra aux questions des députés en commission de l’Économie de la Chambre.

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