Luc Van Der Kelen

Pensions : la vraie réforme après 2014

Luc Van Der Kelen Conseiller politique pour BPlus

SI, DANS NOTRE PAYS, ON TOUCHE AUX PENSIONS, C’EST toujours la petite guerre. Verhofstadt en a fait l’expérience quand il a lancé le pacte des générations.

A l’époque, le monde était déjà trop petit pour les syndicats. Le nouveau gouvernement nous sert maintenant le pacte des générations II. Pour les syndicats, il s’agit presque d’une déclaration d’hostilités. Encore heureux qu’un ministre libéral est chargé de la besogne, et pas le plus sympathique qui soit, Quick. Une aubaine pour les syndicats, et d’abord pour la FGTB. Ainsi peuvent-ils manifester ouvertement en faisant semblant qu’ils ne dirigent pas leurs flèches contre Di Rupo. Il y a des jésuites partout. La réforme à la Quick est importante de par sa seule existence. Les syndicats pourront y faire apporter, ci et là, des modifications. Mais les grandes lignes resteront debout. Toutefois, la vraie réforme se fera après 2014. Pas moyen d’y échapper. Les tabous disparaîtront comme neige au soleil. En Belgique, l’égalité des citoyens en matière de pension reste encore à inventer.

Prenons l’exemple d’une de mes bonnes connaissances. Elle a pris sa retraite en avril après une carrière comme temporaire et contractuelle dans l’enseignement et dans des cabinets ministériels. La Tour du Midi lui offrait 865 euros par mois. Puis le syndicat est intervenu in extremis pour lui assurer sa nomination. Sa pension a été recalculée. Toutes les années de sa carrière étaient désormais comptabilisées comme si elle avait travaillé dans le service public. Le montant a doublé : 1 600 euros brut au lieu de 865. Voilà où nous mène notre système des pensions. Vous trouvez ça normal ? 865 euros pour une femme après une carrière de 32 ans, à plein temps et à temps partiel. Si vous êtes seul, vous mourez de faim, ou à peu près. Alors que le fonctionnaire obtient 1 600 euros pour les mêmes prestations. Et ne parlons pas des indépendants. Combien recevraient-ils après pareille carrière ? La moitié de ces 865 euros ? Les CPAS paient mieux.

Comment se fait-il que tel secteur peut arracher ce que tel autre ne réussit pas à engranger ? Est-ce la conséquence de notre corporatisme syndical ? Un secteur puissant, à fort taux de syndicalisation, garantit une retraite confortable. Alors que, pour les travailleurs ressortissant à la commission paritaire auxiliaire des employés, le montant est ridiculement bas. Trouvez-vous que le gouvernement ne doit pas y mettre un peu d’ordre ? Il a aussi le sacré devoir de nous obliger à travailler beaucoup plus longtemps – j’ai 63 ans et je n’ai aucune envie d’arrêter dans deux ans. En échange, une meilleure pension nous attendra. Tous plus égaux. Voilà la bonne voie à suivre, non ?

Luc Van der Kelen, éditorialiste au Laatste Nieuws

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire