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Pédophilie : Monseigneur Léonard s’exprimera devant la presse

Ce lundi matin aura lieu à 11 heures une conférence de presse en succession à la publication sur internet du rapport de la Commission Adriaenssens, commission pour le traitement des plaintes pour abus sexuel au cours d’une relation pastorale. Monseigneur Léonard s’exprimera face à la presse.

Par ailleurs, après la publication du rapport Adriaenssens, Droits de l’Homme dans l’Eglise, une association de victimes d’abus sexuels par des prêtres, lance un appel à toute personne ayant subi des faits de pédophilie au sein d’une relation pastorale à se manifester.

« Après lecture du rapport du professeur Adriaenssens, le temps est venu pour nous de constituer un groupe de victimes d’abus sexuels par des prêtres. Nous lançons un appel aux victimes à se manifester et à nous rejoindre », a déclaré dimanche Lieve Halsberghe, membre de l’association et parente de Godelieve Halsberghe, première présidente de la commission de traitement des plaintes pour abus sexuels dans la relation pastorale.

« L’Eglise nous avait demandé de nous taire, nous demandons aujourd’hui que les auteurs soient poursuivis », a ajouté la présidente de Droits de l’Homme dans l’Eglise, Linda Opdebeeck.

Joël Devillet, un membre de l’association, a précisé que les victimes pouvaient se manifester auprès de la justice « même si les faits les concernant étaient prescrits, en vue d’éviter d’autres victimes ». Il a ajouté que l’appel de Mgr Léonard aux prêtres pédophiles à se dénoncer n’était qu’un « leurre ». « Aucun prêtre n’est encore venu spontanément se dénoncer ».

« Afin de passer du statut de victime à celui de survivant, les victimes d’abus sexuels par des prêtres peuvent nous contacter via www.droitsdelhommedansleglise.be ou venir à notre journée de rencontre le 2 octobre à Louvain », a indiqué Lieve Halsberghe.

Peu évoqué lors des messes en Flandre Les faits d’abus sexuels commis dans l’Eglise n’ont pas été évoqués dimanche lors des messes dans près de deux églises sur trois en Flandre, a constaté le quotidien Het Nieuwsblad qui s’est rendu dans 147 églises dans toute la Flandre. Le rapport de la commission Adriaenssens n’a pas non plus été mentionné.

Les cas d’abus sexuels commis sur des mineurs durant plusieurs années au sein de l’Eglise, à la Une de l’actualité, n’ont été évoqués dimanche que dans à peine une église sur trois en Flandre. Le quotidien flamand Het Nieuwsblad s’est rendu dans 147 églises et dans 92 d’entre elles le prêtre qui officiait n’a pas dit un mot des faits mis en lumière par la publication du rapport de la commission Adriaenssens vendredi. Plus de 62 pc des prêtres, soit près de deux sur trois, ont choisi de se taire.

« Un occasion manquée », indique l’expert en communication Peter Frans Anthonissen. « Se taire est le pire qu’on puisse faire aujourd’hui à la tête d’une paroisse. »

Certains prêtres ont exprimé leur révolte

Selon le quotidien Het Laatste Nieuws et certains quotidiens francophones, des prêtres se sont bien élevés dimanche lors de leurs sermons et discours contre les abus sexuels commis au sein de l’Eglise.

Alors que selon Het Nieuwsblad, les faits d’abus sexuels commis dans l’Eglise n’ont pas été évoqués dimanche lors des messes dans près de deux églises sur trois en Flandre, le quotidien Het Laatste Nieuws indique lui que plusieurs prêtres se sont révoltés contre ces actes.

Plusieurs journaux francophones évoquent également dans leurs pages les interventions de plusieurs curés dans certaines églises de Wallonie.

Selon Het Laatste Nieuws, deux messages revenaient à chaque fois: la honte et l’appel à la compréhension.

Pas d’accord avec le pape, le porte-parole de Danneels veut une large réflexion

Le porte-parole du cardinal Danneels, Toon Osaer, a affiché dimanche son désaccord avec le pape selon qui il ne peut y avoir de problème structurel au sein de l’Eglise. Disant s’exprimer en son nom propre, M. Osaer a indiqué lors de l’émission De Zevende Dag sur la VRT que l’Eglise devait pouvoir se remettre en question de façon critique.

« Je ne suis pas d’accord avec le pape quand il dit qu’il n’y a pas de problème structurel. Chaque institution, certainement lorsqu’elle a 2000 ans d’histoire, doit pouvoir oser se remettre en question de façon critique. L’institution n’est en fait qu’un moyen (pour faire passer) un message, le message de l’évangile. S’il apparaît qu’il existe des aberrations, alors je trouve qu’il faut pouvoir se remettre en question », a indiqué Toon Osaer.

Le pape Benoît XVI a affirmé mercredi dernier que la pénitence était plus efficace que des changements structurels face aux « abus du clergé ».

Dimanche, Toon Osaer a par ailleurs jugé insuffisant le geste posé par l’ex-évêque de Bruges Roger Vangheluwe qui a annoncé samedi qu’il quittait la communauté de Westvleteren pour réfléchir en toute discrétion à son avenir dans un lieu situé hors du diocèse de Bruges.

« C’est un premier pas mais ce n’est pas assez », a commenté Toon Osaer. Il est d’avis que Roger Vangheluwe doit prendre ses distances avec sa charge ecclésiastique. En revanche, il ne plaide pas la réduction à l’état laïque qui constituerait selon lui une « peine » portant préjudice aux efforts entrepris par de nombreux laïcs au sein de l’Eglise.

L’ancien porte-parole de Roger Vangheluwe, Mark Van de Voorde, participait également au débat de la VRT. Selon lui, il revient au pape de décider d’une éventuelle sanction à l’encontre de l’ex-évêque de Bruges. « Ce n’est pas à Vangheluwe de décider de son sort car cela lui donnerait la prérogative de déterminer son avenir et cela je ne veux pas lui en laisser l’opportunité », a-t-il indiqué.

Les révélations d’abus sexuels commis par l’évêque Vangheluwe ont été à l’origine d’une onde de choc provoquée par la publication du rapport de la Commission ecclésiastique Adriaenssens faisant état de centaines de victimes abusées par des ecclésiastiques aux quatre coins de la Belgique, cela au cours des cinquante dernières années.

Le Vif.be, avec Belga

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