Christophe Leroy

Pauvreté des enfants : l’indicible vérité belge

Christophe Leroy Journaliste au Vif

40 %. C’est le pourcentage, effrayant, d’enfants bruxellois vivant dans la pauvreté d’après le dernier rapport de l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS). Ils sont 25 % dans le même cas en Wallonie. Comme un appel criant et immédiat aux élus qui brandissent la Jeunesse comme slogan électoral pour 2014.

Mesdames et messieurs les élus, arrêtez tout. Arrêtez les querelles, les promesses lointaines, les slogans formatés sur la jeunesse, principal pilier de la bataille électorale qui se jouera d’ici mai 2014. La réalité se prête à l’action nette, immédiate. Sans clivage politique.

Puisque seuls quelques chiffres semblent en mesure de raviver l’indicible vérité, les voici. En Wallonie, un enfant sur quatre – de 0 à 16 ans – vit dans la pauvreté selon le dernier rapport de l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS). La région bruxelloise, clouée à la 189e position (sur 195) dans le classement européen du taux de pauvreté, compte 40 % d’enfants dans pareille situation. Par ailleurs, 22 % des enfants wallons et 39 % des enfants bruxellois – contre 13 % en Flandre – vivent dans un ménage confronté à la dépréciation financière. Ceux-ci sont, dès lors, contraints de faire une croix sur plusieurs éléments nécessaires ou indispensables pour leur bien-être personnel.

Le rapide coup d’oeil dans le rétroviseur est plus cruel encore. Cette détresse financière ne s’estompe pas au fil des années. Embourbés dans un déterminisme social omniprésent, ces enfants pauvres évoluent dans un monde étroit, coupés des fondamentaux leur permettant d’entrevoir l’intégration et la recherche de l’excellence à l’école. Autant d’éléments qui aboutissent, comme le souligne le rapport de l’IWEPS, sur un terrible sentiment de honte, synonyme d’une exclusion de plus en plus large.

Ces dernières semaines, toutes les formations politiques de Wallonie et de Bruxelles ont fait de la jeunesse le porte-drapeau de l’avenir, condition sine qua non du redressement économique, social, culturel. Trop souvent pourtant, le débat de fond s’est heurté à une inévitable guerre des clans limitant l’action aux promesses de décrets, contre-décrets et orientations fécondes.

La pauvreté structurelle nécessite une réponse de longue haleine, claire et soudée. Du long terme, tout simplement, plutôt que l’échéancier électoral calibré à cinq ou six ans. Il y a urgence.

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