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Parlement wallon : les premières leçons du scrutin, parti par parti

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Les résultats partiels du scrutin de ce dimanche font apparaître les premières grandes tendances en Wallonie. Le PS se tasse, mais reste en tête, le MR est en hausse d’environ 3 à 4%. Le CDH redeviendrait la troisième formation, tandis qu’Ecolo enregistre une lourde défaite. À l’important succès du PTB se joint la percée du PP, qui pourrait peut-être propulser un élu.

L’évolution des résultats pour l’élection des 75 députés du parlement wallon laisse entrevoir un important changement dans l’équilibre des forces politiques par rapport au scrutin régional de 2009. Voici, parti par parti, les premières leçons à en retenir, sur base des données encore partielles à ce stade.

1. Le PS se tasse, mais reste en tête

C’était prévisible : la percée attendue du PTB-Go, couplée aux déceptions d’une frange de l’électorat socialiste au niveau fédéral, ont indéniablement fait perdre des plumes au PS en Wallonie. Sur base de résultats provisoires, le PS serait ainsi en recul d’environ 3% au niveau wallon, oscillant autour de la barre des 30%. La formation resterait cependant en tête devant le MR, qui enregistre une progression significative.

En Wallonie, le principal enjeu pour le PS reposera donc sur le dilemme des coalitions : va-t-il privilégier le maintien d’une majorité olivier (PS-CDH-Ecolo), comme les discours de campagne le laissaient entendre, ou s’allier avec les libéraux de l’opposition ? Si le parti reste bel et bien la première formation au sud du pays, il gardera indéniablement la main pour opérer ou non un tel revirement. La perception de la débâcle du parti Ecolo, en recul de 10% actuellement par rapport au scrutin de 2009, sera déterminante à cet égard.

2. Le MR en hausse : un argument pour intégrer le gouvernement ?

Avec une progression d’environ 3 à 4% en Wallonie sur base provisoire, le MR semble avoir atteint son objectif. Les libéraux misaient sur un désaveu significatif de l’olivier pour justifier un changement du rapport de force au sein du futur gouvernement. La hausse généralisée du score des libéraux, à laquelle s’ajoute le recul du PS et la défaite d’Ecolo, sont des arguments sur lesquels les pontes du parti insisteront pour intégrer la future coalition de majorité.

Le parti semble en effet bénéficier des dossiers polémiques qui ont secoué le parlement wallon (le photovoltaïque et l’éolien en tête, portés par des ministres Ecolo). Pour les libéraux, le scénario le plus réaliste afin de réintégrer le gouvernement est une alliance avec le PS. Toutefois, les vives critiques du MR vis-à-vis des dossiers portés par l’olivier couplées au duel à couteau tiré de cette campagne électorale entre la gauche et la droite, brouillent inévitablement les cartes.

3. Le CDH se maintient et passe devant Ecolo

Si les humanistes se profilent à nouveau comme la troisième force politique en Wallonie, leur score ne progresse pas. En termes de pourcentage, le CDH profite de la forte chute du parti Ecolo, mais aussi de la dispersion des voix due notamment à la nette percée du PTB-Go. Paradoxalement, le CDH a tout intérêt à défendre la légitimité future d’Ecolo pour écarter le scénario d’une coalition PS-MR et miser sur la continuité du travail accompli.

4. Ecolo K.O, partout en Wallonie

De son côté, Ecolo enregistre une lourde défaite aux quatre coins de la Wallonie : les écologistes perdraient près de 10% des voix par rapport au scrutin régional de 2009. La débâcle est telle que la formation n’est même pas certaine d’obtenir un score de 10%.

Plusieurs pontes du parti au niveau wallon, à l’image de Jean-Marc Nollet, sont contraints de reconnaître qu’Ecolo n’a plus la main pour évaluer ses chances de rester au pouvoir. Les vives critiques autour de la gestion du dossier photovoltaïque et éolien ne sont pas étrangères à un tel échec. Si le parti assure que la défaite n’est pas aussi importante au regard du score réalisé en 2010 au niveau fédéral, il n’est plus en mesure de solliciter le soutien des potentiels partenaires de majorité. Son sort dépend désormais grandement du PS, mais également du CDH.

5. Nette percée du PTB au sein du parlement wallon

Sur base provisoire, le score réalisé par le PTB-Go, en hausse d’environ 4% par rapport à 2009 (PTB+ à l’époque), dépasse le seuil fatidique de 5%, synonyme de porte d’entrée au parlement wallon. Le progrès de la gauche radicale, dû en grande partie aux déceptions de militants de gauche sous l’ère Di Rupo, devrait lui offrir un ou deux sièges parmi les 75 députés wallons.

L’émergence du PTB-Go pourrait conforter le scénario d’une majorité de « gauche progressiste » avec le PS, le CDH et Ecolo. À moins que le jeu critique de l’opposition ne convienne davantage à ce nouveau venu, dont le Parti socialiste devra désormais plus que jamais se méfier.

6. Le PP peut espérer obtenir un élu

Avec près de 5% des voix sur base provisoire, le Parti populaire est peut-être en mesure de décrocher un siège au parlement wallon. C’est en province de Liège, marquée par une polarisation manifeste des voix, que la droite radicale enregistre son meilleur score (près de 6%). Le PP doit encore attendre des résultats affinés.

7. Percée insuffisante du FDF en Wallonie
En revanche, le score provisoire du FDF (2,3%) ne permettra pas à la formation d’intégrer le parlement wallon. Le parti se concentre logiquement sur Bruxelles, où il se profile comme la troisième force politique.

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