Jean-Luc Bodson © BELGA

Pacte sur les migrations: Nous avons obtenu ce que nous voulions, selon le négociateur belge

La Belgique a obtenu ce qu’elle voulait dans la négociation du Pacte des Nations-Unies sur la migration, a assuré mardi l’ambassadeur Jean-Luc Bodson, envoyé spécial « Migration et Asile » du gouvernement belge.

Le texte vise à jeter les bases à l’échelle mondiale d’une migration sûre et ordonnée. Les négociations intergouvernementales ont commencé en février et ont duré plusieurs mois jusqu’à une finalisation du texte en juillet.

« Nous avons obtenu ce que nous voulions. Mi-juillet, j’étais un diplomate heureux. Toutes les instructions que j’ai reçues de Bruxelles sont dans le texte », a déclaré M. Bodson devant la commission des Relations extérieures de la Chambre.

Le 12 septembre, à la suite de réunions internes, la position belge est positive: « La Belgique estime que le texte est équilibré, reflète les préoccupations que nous avons exprimées et est une avancée importante au niveau diplomatique mondial et, par conséquent, la Belgique approuvera le texte à Marrakech en décembre ».

La Belgique s’engage même « à inviter les autres pays à faire de même ». Trois réunions internes -baptisées CorMulti- ont eu lieu. Les administrations et cabinets ministériels concernés, étaient invités, notamment l’Office des étrangers et le cabinet du secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, Theo Francken (N-VA). Des « lignes rouges » ont été tracées mais elles n’ont pas été franchies.

Lors de la dernière réunion, le cabinet de M. Francken n’était pas présent mais M. Bodson a eu un contact avec le chef de cabinet et le texte a pu être approuvé sans difficulté. Les problèmes ont commencé quand, à la fin octobre, le chancelier autrichien Sebastian Kurz a annoncé que son pays de retirait du Pacte. Selon le diplomate, les pays européens ont pourtant pu amender suffisamment le texte.

« Les 27 ont obtenu de nombreux amendements qui nous ont permis d’éliminer du texte tout ce qui nous gênait selon les instructions que j’ai reçues entre février et juillet ». Le diplomate s’est montré formel: le texte n’est pas contraignant. « Je sais lire le texte que j’ai négocié et il est écrit que le texte est juridiquement non contraignant (…) Je ne vois pas comment on peut prétendre aujourd’hui que c’est un texte contraignant », a-t-il ajouté.

A ses yeux, le Pacte se situe dans l’ordre de la « promesse » et il est en outre « cohérent » avec la politique menée par la Belgique.

La commission a commencé une série de sept auditions avant d’examiner, en principe dans l’après-midi, des résolutions de l’opposition demandant au gouvernement d’approuver sans réserve le Pacte.

Le sujet déchire la majorité fédérale. Le gouvernement se réunira en comité restreint à 15h pour reprendre ses travaux dans ce dossier et tenter de trouver une solution. Le 10 décembre, aura lieu la Conférence de Marrakech au cours de laquelle le Pacte doit être adopté. L’événement est plutôt de nature symbolique, à entendre le diplomate. Les pays qui s’y rendent affichent leur soutien au texte, la séance commencera par son adoption mais la signature n’aura pas lieu à ce moment.

Jusqu’à présent, la majorité est divisée: le MR, l’Open Vld et le CD&V veulent que la Belgique soit présente. La N-VA s’y oppose. « C’est binaire: ou on y va ou on n’y va pas », a fait remarquer M. Bodson. Plusieurs pays européens ont choisi la voie d’une déclaration interprétative. C’est également la voie privilégiée par le Premier ministre, Charles Michel. « Ca ne diminue pas la valeur de notre engagement », a ajouté le diplomate.

Belga

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