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« Ouvrir les frontières aux migrants c’est mettre la Sécu en danger »: « des propos d’une violence inouïe »

Pour le président de la N-VA, Bart De Wever, ouvrir les frontières aux migrants comme le préconisent, selon lui la gauche, mettra inévitablement le fonctionnement actuel de la Sécurité sociale en péril. »Il s’agit de propos d’une violence inouïe qui visent à jouer sur la peur » selon un expert. Le danger pour la sécu, c’est la N-VA, estime pour sa part le PS.

Le chef de file des nationalistes flamands entend par cette voie réagir à la situation au Parc Maximilien à Bruxelles, où aboutissent des migrants qui souhaitent rejoindre la Grande-Bretagne.

L’opposition a dénoncé ces derniers mois l’attitude du gouvernement fédéral à leur égard.

Dimanche soir, des milliers de personnes ont formé entre la gare du Nord et le Parc Maximilien une chaîne humaine pour empêcher une action de police visant, selon la plate-forme citoyenne, à arrêter les migrants présents sur place.

Selon M. De Wever, l’action de ces associations et bourgmestres de gauche concourt à créer un second Calais.

Mais pour lui, ces « bien pensants de gauche » doivent choisir: accueillir tout le monde et ouvrir les frontières, ou préserver notre système social à son niveau actuel. Car si l’on décide de mettre notre Sécurité sociale à disposition de chacun, alors elle s’écroulera, prédit-il.

« Une rhétorique pour faire peur à des fins électorales »

« Il s’agit de propos d’une violence inouïe qui visent à jouer sur la peur, laquelle étant porteuse de votes », analyse un sociologue de l’Université libre de Bruxelles, Andrea Rea. Dans cette carte blanche, le chef de file des nationalistes flamands appelle les « bien-pensants de gauche » à choisir entre les frontières ouvertes ou la Sécurité sociale. Car si l’on décide de mettre notre Sécurité sociale à disposition de chacun, alors elle s’écroulera, prédit-il.

Selon Andrea Rea, directeur du Groupe de Recherche sur les relations Ethniques, les Migrations et l’Égalité (GERME), ce n’est pas la première fois que la N-VA fait le lien entre la migration et la mise en péril de notre système de Sécurité sociale. « Il s’agit d’une rhétorique pour faire peur aux gens, qui vise à récolter des votes. Or, un rapport de la Banque nationale a démontré l’utilité des nouveaux migrants sur le marché du travail. Les propos de Bart De Wever ne sont donc clairement pas fondés sur des éléments tangibles. Il construit des évidences qui n’en sont pas », relève M. Rea.

« On est en train de taper sur le maillon faible alors que le gouvernement fédéral a entre ses mains tous les instruments pour sauver notre Sécurité sociale », poursuit-il. La grande difficulté est, selon lui, le manque de Justice fiscale, les citoyens étant défavorisés face à l’impôt par rapport aux multinationales et entreprises privées. « Cela pose un problème à la Sécurité sociale ainsi qu’à l’ensemble du budget de l’État (école, hôpitaux, etc.), souligne-t-il.

Le sociologue estime encore que l’immigration sera un des thèmes centraux des prochaines élections sur lequel la classe politique risque de se diviser.

Le danger pour la sécu, c’est la N-VA, répond le PS

« Le danger pour la sécurité sociale, c’est la N-VA », a répondu mercredi le chef de groupe PS à la Chambre, Ahmed Laaouej, à la tribune libre du président de la N-VA, Bart De Wever, à propos de l’accueil des migrants.

Le député a pointé du doigt les réductions de cotisations sociales décidées par le gouvernement, qui se traduisent par un manque à gagner pour la sécurité sociale de plusieurs milliards d’euros, les économies dans la sécurité, sociale, le saut d’index ou encore les mesures en matière de pension. « La N-VA ne cesse d’exacerber les tensions dans la société de manière cynique pour en tirer un profit électoral. La N-VA crée un écran de fumée pour masquer une politique de plus en plus teintée de relents racistes avec la passivité complice de ses partenaires de majorité, dont certains semblent d’ailleurs de plus en plus contaminés par les idées abjectes de la N-VA. La sortie récente du ministre Ducarme à propos de l’aide médicale urgente accordée aux sans-papiers en témoigne », a-t-il accusé. Le président des nationalistes flamands n’a pas réagi lorsqu’une députée de son parti a proposé de supprimer le remboursement de certaines prothèses pour les personnes démentes ou très âgées, remarque M. Laaouej. « Après avoir attaqué les personnes démentes ou très âgées, la N-VA désigne un nouveau bouc-émissaire: les migrants qui seraient le nouveau danger pour la sécurité sociale », a-t-il ajouté. « Si l’on veut développer une approche positive de la sécurité sociale, on doit reconnaître que le défi qu’elle doit relever est celui du vieillissement de la population et du financement en mettant davantage à contribution les revenus du capital ».

« Nous plaidons pour des routes migratoires sures, pas pour l’ouverture des frontières »

« Nous ne plaidons pas en faveur de l’ouverture des frontières (aux migrants), mais bien pour des routes migratoires sures », a affirmé mercredi l’organisation Médecins du Monde en réaction à la carte blanche du chef de la N-VA, Bart De Wever.

L’ONG a souhaité réagir aux propos du patron de la N-VA afin « de clarifier les choses »: « Médecins du Monde ne plaide pas pour des frontières ouvertes, mais bien pour des routes migratoires sures et légales. »

« L’allégation selon laquelle les organisations issues du milieu associatif sont un prétexte ou une ‘façade morale’ pour étendre un programme idéologique témoigne d’une image plutôt obscure de l’être humain. »

Médecins du Monde en appelle au dialogue: « parce qu’une chose est claire, la polarisation ne mène jamais à une solution. » « Arrêtons de semer la discorde au moment où nous devons faire face sérieusement à la problématique (de la migration) de façon unie », a encore pointé l’ONG.

« Nous plaidons depuis des mois déjà pour que toutes les parties puissent s’asseoir autour de la table afin de parvenir à une solution. En s’en prenant désormais également aux volontaires et aux organisations citoyennes, nous nous éloignons encore davantage d’une solution et la situation dans notre pays devient de plus en plus polarisée. C’est regrettable, mais notre appel au dialogue reste valable. »

Pour la N-VA, les Wallons aussi sont des étrangers

Le cdH a fustigé mercredi, par la voix de son chef de groupe au parlement wallon Dimitri Fourny, les propos du président de la N-VA Bart De Wever. « Bart De Wever fustige les étrangers en considérant que ceux-ci vont plomber la sécurité sociale », a résumé M. Fourny à l’occasion des voeux à la presse de son groupe parlementaire.

« Nous avons bien fait de ne pas participer au pouvoir avec des personnages de ce type. Ne nous y trompons pas: nous Wallons sommes aussi, aux yeux de ce petit monsieur, considérés comme des étrangers », a-t-il ajouté. A ses yeux, les propos de Bart De Wever sont « méprisables et inadmissibles dans un débat démocratique équilibré ».

M. Fourny s’exprimait au nom du président du cdH, a précisé le parti.

La cheffe de groupe à la Chambre, Catherine Fonck, a quant à elle mis en exergue les prévisions démographiques sur lesquelles le gouvernement se fonde dans sa réforme des pensions. Celles-ci prévoient un solde migratoire de 360.000 personnes, explique-t-elle. « Qu’en pense Bart De Wever?  » a-t-elle ajouté.

Le président de la N-VA a publié mercredi dans le quotidien flamand de gauche De Morgen une carte blanche dans laquelle il affirme qu’ouvrir les frontières aux migrants comme le préconise, selon lui, la gauche mettra inévitablement le fonctionnement actuel de la Sécurité sociale en péril, une allégation qui a déclenché bon nombre de réactions.

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