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Ouverture sous tension du procès Sharia4Belgium à Anvers

Il démarre ce lundi et sera axé sur Sharia4Belgium. Avec seulement huit prévenus à la barre sur les 46 et beaucoup de fantômes, victimes ou bourreaux des geôles djihadistes. Il est pointé à risques.

Alors que les têtes roulent dans le désert irakien, qu’un soupçon de complot terroriste est régulièrement dévoilé en Europe et que la Belgique a rejoint la coalition internationale contre l’Etat islamique, un nouveau procès islamiste démarre en force, ce 29 septembre, à Anvers. Sharia4Belgium est un groupe de musulmans extrémistes apparu à Anvers en 2010, à l’instigation d’Anjem Choudary, un prédicateur britannique, fondateur de Sharia4UK (dissous et remis sur pied sous un autre nom). Sous l’influence de ce groupuscule, des dizaines de jeunes Belges sont partis se battre en Syrie, dans les rangs des plus durs : Al-Nosra et l’Etat islamique.

Sharia4Belgium s’est toujours défendu de vouloir recourir à la violence dans notre pays, prônant seulement le djihad défensif (si les musulmans sont attaqués) et la reconquête de la Palestine, son leitmotiv. Certes, quelques-uns de ses membres avaient chahuté, à l’université d’Anvers, une conférence de Benno Barnard, un intellectuel connu pour sa dénonciation de l’islamisme couvant sous le multiculturalisme. Un crime de lèse-majesté aux yeux des trublions de Sharia4Belgium, emmené par le déjà très médiatique Fouad Belkacem.

Ce dernier, un délinquant multirécidiviste de 32 ans, reconverti dans les affaires pseudo-religieuses, a été condamné à deux ans de prison pour incitation à la violence et à la haine contre les non-musulmans en 2012. Depuis 2010, il était dans le viseur de la justice et des services de renseignement. N’aurait-on pas pu arrêter plus tôt les départs vers la Syrie, alors que la radicalisation et l’engagement de certains jeunes endoctrinés par Sharia et ses émules étaient déjà connus grâce aux écoutes téléphoniques ? La justice n’a pas bougé, reprochent certains parents de djihadistes. De fait, à l’époque, le sujet n’était pas à la mode. « On s’en foutait un peu », se souvient un magistrat. Aujourd’hui, les dossiers pour terrorisme s’accumulent au parquet fédéral. Plus de 200 % d’augmentation en 2014. Une autre époque.

Le procès correctionnel qui va s’ouvrir à Anvers ne lèvera cependant qu’un coin du voile sur la lutte anti-terrorisme en Belgique. Le parquet fédéral est avare d’explications car la matière est délicate et les avocats de la défense à l’affût du moindre faux pas. Les magistrats du parquet poursuivent logiquement un objectif judiciaire : établir les infractions et déférer leurs auteurs présumés devant un juge indépendant. Peu leur chaud que ce procès n’explique pas les causes profondes de l’explosion de radicalisme dans la communauté musulmane ni la démarche des recruteurs. Ni a fortiori qu’il ne propose pas de remède. Conséquence : le public anversois n’aura droit qu’à deux journées d’audience, réquisitoire et plaidoiries compris. Avec, sans doute, un jour supplémentaire d’audience, le 8 octobre, vu l’abondance des questions de procédure soulevées par la défense.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

– Fouad Belkacem, bouc émissaire ?

– Pourquoi ce n’est pas un procès d’assises

– « La plupart des prévenus absents sont morts et on va faire un big show de deux jours autour d’eux »

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