Hélène Ryckmans

Oui, je suis fière d’être une femme en politique

Hélène Ryckmans Députée wallonne Ecolo

Non, je ne suis pas  » for-midable « .

Réponse ou-verte à Barbara Dufour, enseignante et Walter Feltrin, patron de PME et à tous qui les lisent et relaient sur la toile…

« Mesdames et messieurs les politiques, vous ne mesurez pas notre ras le bol », dites-vous.

De mon côté, je peux vous assurer que je le mesure et le constate au quotidien. Comme vous je suis révoltée. La défiance des citoyens face au politique est plus grande que jamais. Avec toutes ces affaires qui s’accumulent jour après jour, il est compréhensible que les gens perdent confiance en la politique. Pourtant, la politique, c’est quelque chose de fondamental. Et ceux qui l’exercent sont parfois de simples citoyens qui ont pour unique ambition de faire changer les choses dans l’intérêt de tous, et non pour garantir le leur.

C’est pour cela que je voudrais vous expliquer mon engagement, mes motivations, mon parcours.

Je me suis impliquée dans un travail politique à temps plein sur le tard, à 55 ans, après un long parcours dans la « vraie vie », sur le terrain : au Sénégal d’abord, dans le secteur de la formation à l’université et dans l’associatif en Belgique ensuite. Je suis une militante sur de nombreuses causes et je me suis engagée activement en politique parce que je souhaite faire entendre ma voix comme femme, comme citoyenne.

Je suis parlementaire depuis 30 mois maintenant et je fais mon travail à temps plus que plein et du mieux que je peux. Alors oui, comme vous, je suis indignée, outrée, devant les cumuls, les conflits d’intérêt, les liens trop étroits entre décision politique et intérêts privés. Je suis choquée d’entendre des mandataires justifier des pratiques injustifiables (les rémunérations notamment) au nom du « on a toujours fait ainsi ». Je suis ébahie de l’opacité qui entoure la prise de certaines décisions.

Comme vous, je suis indignée, outrée, devant les cumuls, les conflits d’intérêt, les liens trop étroits entre décision politique et intérêts privés.

Chez Ecolo, nous avons des règles pour éviter le cumul de pouvoir et l’enrichissement personnel. Les députés Ecolo ne peuvent cumuler avec un mandat de bourgmestre ou d’échevin, par exemple. Je ne me sens pas moins légitime ou pertinente parce que je n’assume que ce seul mandat de parlementaire, et cela ne m’empêche pas de rester impliquée dans la vie de ma commune. Il est scandaleux de continuer à faire croire que les meilleurs parlementaires ce sont ceux qui cumulent, notamment parce qu’ils auraient des relais à d’autres niveaux de pouvoir. Cette idée décrédibilise nos institutions.

Mon salaire, qui est de 2800 euros nets après rétrocession, je le touche pour au minimum 50 heures de boulot par semaine. Je ne préserve qu’une soirée par semaine pour une activité personnelle, moment de respiration et source d’équilibre bien nécessaire. Je suis tous les jours dans l’une ou l’autre assemblée en séance ; les matinées libres sont consacrées aux contacts avec des associations, des entreprises, des visites de terrain, des échanges. Les week-ends et les soirées (quand les séances au Parlement ne se prolongent pas) sont consacrés aux rencontres associatives, aux formations et aux réunions internes à Ecolo, à préparer des dossiers ou des questions parlementaires. Sur le CETA par exemple, je ne compte pas les heures de débats, la présence à des réunions de concertation, la présence à des manifestations… Pareil sur les forêts, il a fallu mobiliser, concerter. Ce job, vous l’aurez compris, je ne le fais donc pas pour m’enrichir, mais par conviction !

Dans ce travail, il faut apprendre vite, et réagir au quart de tour. Et si on gère mal un dossier, la sanction des électeurs peut être terrible. Mais quel bonheur de se dire que même depuis l’opposition, je peux peser sur le cours des choses : pour éviter une réforme incohérente du Codt (aménagement du territoire), empêcher la privatisation des forêts, mettre le CETA à l’ordre du jour et emporter une position forte, pour installer la commission d’enquête Publifin,…. Les exemples de réussites depuis l’opposition sont nombreux. Oui la politique peut changer les choses. Oui les parlementaires ont des responsabilités.

Chez Ecolo, on ose la démocratie et on promeut le débat avec les citoyens. Nos statuts prévoient la possibilité pour tout citoyen (pas besoin d’être membre) d’interpeller les parlementaires et de construire, avec eux, une proposition de loi. On rend des comptes en permanence au Conseil de fédération, notre instance de membres délégués de toutes les régions et qui se réunit tous les mois. Vendredi dernier, j’en suis sortie à 23h30. Le lendemain, j’étais en formation interne.

Nous n’avons pas attendu que le scandale Publifin explose pour réclamer des règles de bonne gouvernance. Et nous demandons aujourd’hui de mettre en oeuvre ce qui existait déjà et que nous avions contribué à mettre en place ou ce qui était prévu mais a été jeté aux oubliettes par la nouvelle coalition Ps-cdH (la transparence des nominations et des rémunérations, le décumul intégral). Alors que les partis traditionnels il y trois mois ont tenté, en catimini, de mettre un terme à la loi sur le décumul, je me sens légitime et fière de la manière Ecolo de faire mon travail parlementaire !

Cette fierté n’empêche pas la lucidité. J’ai conscience de la catastrophe que ce scandale représente pour la confiance des personnes dans les institutions. Chacun doit en mesurer la gravité et agir, réellement, pour que cela change. A Ecolo aussi on peut faire mieux, aller plus loin. Nous y réfléchirons d’ailleurs le 11 mars prochain avec l’espoir de « reconstruire la démocratie ».

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