Julien Welch

Orlando, from Brussels with love !

Julien Welch Président des Jeunes MR de Schaerbeek

Il est aujourd’hui un fait avéré : nos sociétés occidentales doivent visiblement s’habituer – pour peu que l’on puisse le faire – aux attaques terroristes.

Toulouse, Paris, Bamako, Tel Aviv, Bruxelles, Istanbul et bien d’autres s’ajoutent à la liste des villes qui ont été touchées en plein coeur par la barbarie. Récemment, ce fut au tour d’Orlando, et plus largement des États-Unis.

À l’instar des faits perpétrés par Mohamed Merah, ceux du Musée juif de Bruxelles ou encore l’attaque de l’Hyperkasher à Paris, le drame d’Orlando visait des personnes qui, par leur libre-arbitre, leur attachement à la liberté d’être eux-mêmes (dans leur croyance ou leur orientation sexuelle), s’opposent aux fondements du fanatisme dont se revendiquent les terroristes. Ce sont des libertés fondamentales qui ont été attaquées. C’était déjà le cas en janvier 2015 lorsque les caricaturistes de Charlie Hebdo étaient assassinés, car ils revendiquaient, haut et fort, leur liberté d’expression.

Après le drame d’Orlando, certains internautes s’interrogent sur les réseaux sociaux. Pourquoi affiche-t-on le drapeau arc-en-ciel, symbole LGBTQI par excellence, au lieu du drapeau américain ? N’a-t-on pas recouvert nos murs Facebook de noir-jaune-rouge le 22 mars 2016 ? N’a-t-on pas appliqué un filtre bleu-blanc-rouge sur notre photo de profil après les attentats de Paris ? La réponse à cette question réside, à n’en pas douter, dans le choix des victimes d’Omar Mateen. Ces personnes ont été froidement abattues, car elles étaient homosexuelles ou, à tout le moins, supposées l’être compte tenu du lieu où elles se retrouvaient. Malgré l’horreur, lorsque l’on regarde autour de soi, les réactions au massacre d’Orlando ne sont déjà plus aussi vives que lors des précédents attentats. Pourtant, le bilan est lourd : 49 morts. Est-ce à cause de la distance entre nos pays et les États-Unis ? Avons-nous déjà pris l’habitude que cela se passe désormais chez nous ? Ou est-ce simplement, car cette attaque visait un groupe bien particulier et non l’ensemble des citoyens « occidentaux », sans distinction?

Alors oui, ces actes viennent réveiller en nous des souvenirs douloureux. Mais ils sont aussi l’occasion de s’arrêter un instant et de réfléchir. Que l’on soit caricaturiste ou non, juif ou non, LGBTQI ou non, Européen ou non ; Américain ou non ; nous devons tous nous sentir concernés par ces attentats. Et le deuil doit impérativement nous inviter à réfléchir plus globalement à la condition des LGBTQI à travers le monde, car, comme de très nombreuses minorités, cette communauté se trouve brimée dans certains pays du monde, parfois en toute légalité. Ce n’est pas uniquement une question de droits fondamentaux ; c’est aussi une question de dignité humaine. À l’heure actuelle, 72 États pénalisent les personnes LGBTQI par des peines de prison ou des actes de tortures, à l’instar de ces jeunes gays tabassés au Maroc avant d’être eux-mêmes condamnés à une peine de prison. Si cela vous fait froid dans le dos, sachez qu’à travers le monde, dix pays condamnent encore l’homosexualité de la peine de mort. Et cette fois, cela ne relève pas du fanatisme de quelques personnes, mais bien du code pénal de ces États…

À l’heure de la tuerie d’Orlando, il est essentiel de rappeler que la tolérance et les avancées sociétales obtenues pour les LGBTQI ne sont pas intangibles

Même dans nos pays occidentaux, les LGBTQI font encore face à une série de violences. Elles sont parfois physiques, comme ce fut le cas pour Ishane Jarfi, ce jeune Liégeois assassiné, car il était homosexuel. Mais parfois, ces violences s’expriment aussi dans la parole. Rappelons-nous aussi de La Manif Pour Tous en France, que l’on retrouve désormais en Italie, où étaient scandés, parfois sans aucune gêne, des slogans homophobes. Parfois, un « sale pédé » adressé dans la rue à un couple d’hommes ne suscite que peu de réactions. N’oublions pas que la violence commence par l’insulte.

À l’heure de la tuerie d’Orlando, il est essentiel de rappeler que la tolérance et les avancées sociétales obtenues pour les LGBTQI ne sont pas intangibles, même au sein de nos sociétés occidentales. L’indifférence ne fait pas la normalisation, qui plus est lorsqu’on se réfère à la dernière étude du Centre interfédéral pour l’Égalité des Chances (Unia) qui révèle que 49% des Belges estiment que l’homosexualité n’est pas un comportement naturel. La protection de ces acquis demande une vigilance de chaque instant. C’est le cas pour tous les acquis sociétaux de notre pays. C’est le cas pour toutes les minorités de notre pays.

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