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Optima : parfum de scandale au Parlement

Thierry Denoël
Thierry Denoël Journaliste au Vif

Après avoir annoncé qu’une copie des données de la banque Optima était disponible au sein de l’ISI, Karel Anthonissen, de l’ISI Gand, a-t-il été piégé par son patron et par Eric Van Rompuy, président de la commission d’enquête parlementaire Optima ? Il commence à y avoir un parfum de scandale dans cette histoire.

On le sait, le parlement mène une enquête sur la faillite de la banque flamande Optima. Dans le cadre de cette commission d’enquête, le directeur régional de l’ISI Gand, Karel Anthonissen, avait annoncé dans une interview au quotidien De Tijd qu’une copie des données des clients d’Optima se trouvait toujours à l’ISI. Ces données avaient été saisies, en 2012, par l’ISI Gand qui soupçonnait alors des opérations de blanchiment dans le chef de la banque par le biais d’assurances 23 au Luxembourg. Mais un tribunal gantois avait ensuite ordonné de détruire ces données, car leur saisie était, selon lui, illégale. L’Inspection spéciale des impôts s’était exécutée, mais avait toutefois réalisé un back-up de ce fichier de 3,5 téraoctets. Et c’est l’existence de ce back-up qu’Anthonissen s’apprêtait à révéler devant la commission parlementaire, où il devait être auditionné le 21 octobre dernier.

Mais voilà, cette copie a entre-temps été détruite par le big boss de l’ISI lui-même. Frank Philipsen l’a d’ailleurs avoué à huis clos, le matin même du 21 octobre, devant les parlementaires « Optima », comme l’a divulgué le journal De Standaard le lendemain. Tout cela est d’autant plus surprenant que, dès le 4 octobre, Anthonissen avait informé par mail le président de cette commission, Eric Van Rompuy (CD&V), qu’une copie Optima était toujours en possession de l’ISI. Van Rompuy lui avait alors répondu qu’il ne pouvait rien faire d’office avec cette information et qu’il laissait le directeur de l’ISI Gand le mentionner lors de son audition du 21. Or, ce jour-là, curieusement, l’audition d’Anthonissen a été reportée au 18 novembre, mais celle de Philipsen a été maintenue. Et, quelques jours plus tard, le président Van Rompuy a déclaré dans De Standaard qu’il ne voulait pas que la commission Optima devienne la commission Anthonissen.

Lors qu’on examine la chronologie des faits, comme le fait Ludwig Verduyn sur le site De Rijkste Belgen, on est en droit de se demander s’il n’y a pas eu là un arrangement en coulisse. Ce serait sans doute moins gênant si la banque Optima n’avait pas été aussi étroitement liée au monde politique flamand… La révélation annoncée par Anthonissen tombait à pic, en pleins travaux de la commission. Peut-être trop à pic. L’interdiction prononcée, en 2013, par le tribunal de Gand à l’égard de l’ISI, qui est une administration, n’empêchait peut-être pas un juge d’instruction, soit l’autorité judiciaire, qui mène une enquête sur des faits de blanchiment chez Optima de se saisir du back-up de l’ISI. Mais, maintenant que Philipsen a tout détruit, il n’y a plus d’espoir de récupérer l’argent d’une fraude estimée à plusieurs milliards d’euros.

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