Le magistrat fédéral Eric Van der Sypt et le magistrat fédéral Thierry Weerts (à droite). © Belga

Opération antiterroriste : la Belgique cible prioritaire

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Fait unique en Europe : pour la deuxième fois après l’attentat de Medhi Nemmouche, la Belgique était visée par des djihadistes de retour de la zone Syrie-Irak. Cible : des policiers. Foyers principaux : Verviers et Molenbeek

Deux enseignements peuvent être tirés de la conférence de presse du parquet fédéral après les opérations antiterroristes de jeudi soir.

La police comme cible. Ce sont très précisément des policiers « sur la voie publique ou dans les commissariats » qui étaient visés par les « plans concrets  » des terroristes. Et ils avaient apparemment les moyens de leur action : armes de guerre, saisies à Verviers et à Molenbeek, et uniformes de policiers devaient permettre d’atteindre leur objectif. Des informations en provenance de France après les attentats de Paris avaient alerté les autorités belges. Un soupçon conforté par un appel de djihadistes de l’Etat islamique qui dans des vidéos diffusées récemment exhortaient leurs coreligionnaires à frapper en Europe des représentants des forces de l’ordre. Dans le cadre de l’enquête du parquet fédéral, deux Belges résidant en France ont d’ailleurs aussi été arrêtés.

Verviers et Molenbeek, foyers djihadistes. Les informations divulguées vendredi matin révèlent qu’à côté de Verviers où deux djihadistes ont été tués, l’autre foyer sensible de radicalisation est la commune bruxelloise de Molenbeek où 6 perquisitions (sur 12) ont été menées et où 9 personnes (sur 13) ont été interpellées. Pour Verviers comme pour Molenbeek, le constat ne surprend pas. C’est sans doute la connaissance que les services de renseignements belges ont de ces « viviers » djihadistes qui a permis de prévenir les attentats projetés.

Par ailleurs et contrairement aux événements de Paris, l’enquête, strictement « belge » comme l’a rappelé le magistrat fédéral Thierry Weerts, établit un lien direct entre les terroristes présumés et le conflit irako-syrien. Ce constat ne présage pas de l’obédience des djihadistes, de l’Etat islamique ou d’Al-Qaeda (sous l’appellation Front al Nosra en Syrie), mais il suggère que ces mouvements ont déclaré la guerre à la Belgique et aux Etats européens engagés dans le combat contre Daesh à travers la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.

Cela situe le niveau de la menace qui pèse sur nos démocraties et donne une idée du défi auquel elles sont ostensiblement confrontées. L’opération de jeudi tend à démontrer que les services de sécurité belges en sont conscientes. Reste à déterminer si leurs moyens sont suffisamment adaptés à l’évolution de la menace, en matière de renseignement notamment, aujourd’hui et dans l’avenir. Car le constat est un peu glaçant : sous réserve des développements de l’enquête, ce serait la deuxième fois que la Belgique aurait été prise pour cible par des « returnees » de Syrie, après l’attaque par Medhi Nemmouche du musée juif de Belgique à Bruxelles le 24 mai. Un phénomène unique en Europe qui correspond malheureusement à l’ampleur de l’implication des jeunes Belges sur le théâtre de conflit irako-syrien : quelque 350 pour 11 millions d’habitants, soit la plus forte proportion européenne.

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