"Je me sens globalement CDH, mais je suis, sur certains points, très proche du MR ou d'Ecolo." © NICOLAS MAETERLINCK/Belgaimage

Opaline Meunier aux dirigeants politiques traditionnels : « Il est temps de faire votre deuil »

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

A 24 ans, la CDH Opaline Meunier chamboule son parti. Et appelle la génération politique actuelle à changer son mode de fonctionnement.

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Opaline Meunier sort d’une dizaine de jours d’enfer. Médiatisée comme jamais. Critiquée au sein de son propre parti, le CDH. Traitée d’opportuniste. Mais rien n’y a fait : elle suit sa conviction et se présentera sur la liste Mons en mieux du MR Georges-Louis Bouchez. Un projet de ville. Mais, surtout, un autre manière de faire de la politique.  » J’ai été brûlée sur la place publique parce que j’ai été la première à oser défier l’autorité, nous lâche-t-elle avec aplomb, du haut de ses 24 ans. Mais je ne suis que l’illustration d’un phénomène plus large : tous les partis vont devoir apprendre à le gérer.  »

 » Tant pis pour le parti en tant qu’institution ou pour l’argument d’autorité, affirme l’ancienne responsable étudiante. Si les politiques ne se battent plus par idéalisme, les gens ne croiront plus en eux. Georges-Louis Bouchez veut rassembler autour de projets. Je trouve cela constructif. Je n’ai pas envie de devoir m’inscrire dans un démarche politique comme on soutient une équipe de foot. Je me sens globalement CDH, mais je suis, sur certains points, très proche du MR ou d’Ecolo. En juillet dernier, une députée humaniste, Isabelle Stommen, a voté une proposition Ecolo sur la représentation garantie des deux genres dans les conseils communaux et provinciaux. Je me suis dit : alléluia ! De même, récemment, Ecolo a déposé à Mons une motion pour défendre le vote à 16 ans : j’aurais très bien pu la voter.  »

« Cela ne va pas continuer comme ça ! »

Jeune en politique, Opaline Meunier ne rejette pas la dynamique collective, mais refuse qu’elle devienne un diktat.  » C’est sans doute générationnel. Nous avons un rapport différent à l’individu, à l’épanouissement personnel, à la communication. Une campagne électorale, c’est s’en prendre plein la gueule, mettre de l’argent de sa poche, sacrifier des semaines de sa vie… Je ne vais quand même pas faire cela pour quelque chose en quoi je ne crois pas.  » Elle se déclare satisfaite de la solution trouvée avec son parti : elle reste CDH, mais ne pourra utiliser cette étiquette pour l’élection.  » Fine ! Je mettrai mon appartenance entre parenthèses pendant quelques mois. Après, on verra.  » Une façon décomplexée d’approcher les choses.

Opaline Meunier veut pouvoir donner des interviews comme elle parle, en utilisant les mots  » se taper sur la gueule  » si cela a lieu d’être. Au sein de Mons en mieux, Georges-Louis Bouchez et elle ne sont pas d’accord sur tout, mais ils peuvent se dire les choses en face. On le critique pour son ego ?  » Il ne faut pas confondre ça avec le fait d’être hyperactif : il a trois mille idées à la minute. Oui, il a parfois des idées plus tranchées que moi, une obsession que je ne partage pas à l’égard du PS et il tweete parfois des choses que je ne tweeterais pas. Et alors ? On peut se critiquer l’un l’autre si cela reste constructif…  »

La jeune candidate sort lessivée de cette affaire, à la fois soulagée et amère.  » Je ne m’attendais pas à me retrouver au milieu d’un bordel pareil. J’ai été critiquée par le système politoco-médiatique bruxellois, mais quand je suis sortie de chez moi, une vieille dame et des jeunes sur la Grand-Place de Mons m’ont rassurée en m’encourageant à continuer.  » Avant d’asséner :  » J’ai juste envie de dire à la génération politique précédente : faites votre deuil, cela ne va pas continuer comme ça !  » Un sacré tempérament.

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