Olivier Maingain. © Belga

Olivier Maingain, agent de liaison francophone: « Je vais écouter la société civile, je ne serai pas l’arbitre »

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

L’ancien président de DeFI a entamé une mission controversée pour préparer d’éventuelles réformes institutionnelles intrafrancophones. Il explique au Vif sa vision et répond aux critiques: « Ce n’est pas cela qui va m’émouvoir ».

Olivier Maingain, ancien président de DéFI, a été désigné cet été « agent de liaison » francophone par la Commission communautaire française de Bruxelles (Cocof). Une fonction controversée. Son rôle consiste à faire le lien entre les institutions francophones, afin de préparer d’éventuelles évolutions institutionnelles. Le ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Pierre-Yves Jeholet (MR), a déjà affirmé que ce poste empiétait sur ses compétences. Ce mercredi matin, lors de la rentrée parlementaire du parlement francophones bruxellois, de nouvelles critiques ont fusé.

Pourtant, Olivier Maingain a bel et bien entamé ses travaux. il nous expose sa vision et répond aux critiques. Sans se démonter.

Que répondez-vous à ce ministre-président qui critique votre nomination?

Mon rôle ne s’inscrit pas du tout dans la même perspective que celui du ministre-président. Je ne m’occupe pas du tout des compétences qui sont les siennes aujourd’hui, ni des questions opérationnelles. C’est davantage un travail de perspective et de réflexion sur la manière de faire évoluer l’espace institutionnel francophone. Je vais commencer par faire une évaluation des attentes de la société civile, afin de voir comment les différents milieux concernés considèrent la manière dont les évolutions doivent se faire.

C’est une mission comme on en confie souvent, en France, à d’anciens ministres ou représentants de l’Etat, pour faire un rapport sur une évolution de société. Davantage une réflexion de long terme. Faut-il régionaliser l’enseignement, par exemple, ou la culture? Quels sont les attentes des acteurs à cet égard?

N’est-ce pas difficile de mener un tel travail alors que certains politiques y sont hostiles?

Mes premiers interlocuteurs, ce ne seront pas les ministres, mais bien les acteurs de la société civile, secteur par secteur. J’ai commence à composer une petite équipe avec deux experts de l’administration et une secrétaire, je précise que je ne suis pas rémunéré pour cette mission. Je prépare le travail de réflexion, des notes de travail, un questionnaire précis.

Dans un second temps, on verra bien jusqu’où les partis ouvriront ou fermeront les portes à mon travail. Mais là où certains expriment des critiques – cela reste une minorité -, d’autres me disent déjà qu’ils me verront avec plaisir, que ma mission est censée. Je serai pas l’arbitre, ce sont les partis qui le resteront, mais je trouve utile de dresser cet état des lieux.

Une de mes sources d’inspirations, c’est la commission Spaak – Bunsquin (anciens présidents du FDF et du PS, respectivement), qui avait mené un travail similaire sous l’égide de Marie Arena (PS), quand elle était ministre-présidente de la Communauté française. J’étais président de parti à l’époque, et leur travail m’avait fortement intéressé. Ils avaient délivré de précieuses pistes de réflexion, avant que leur travail ne soit malheureusement freiné. Des expériences similaires ont eu lieu au fédéral, je me rappelle notamment du travail d’un commissaire à la réforme fiscale, sous Didier Reynders.

J’ai assez d’expérience politique, ce ne sont pas ces critiques qui vont m’émouvoir. Je vais mener ce travail très librement.

Cette réflexion vous semble cruciale en vue d’une éventuelle septième réforme de l’Etat, en 2024?

Mon rapport sera une contribution dans ce débat important, oui. Les partis francophones n’ont pas encore vraiment dévoilé leur feuille de route. Certains présidents le font discrètement, sans que ce ne soit encore très étoffé, d’autres n’ont pas encore fait les arbitrages au sein de leur parti.

Je dis simplement aux présidents: prudence avant de décider d’un tout aux Régions ou d’un maintien du stratu quo. Connaître les attentes des secteurs permettra de voir comment faire évoluer les choses afin de rendre le fonctionnement plus efficace. Je sais que les secteurs sont divisés: la CGSP sera plus favorables à une régionalisation de l’enseignement, la CSC moins, par exemple – et des sensibilités différentes existent aussi au niveau des pouvoirs organiateurs. Mais cela m’intéresse de voir cela plus en détails, de percevoir aussi comment les positions évoluent.

La grande erreur du côté francophone, c’est peut-être de ne pas avoir décloisonné les relations entre Communauté et Régions. La Flandre, elle, a fait tout de suit le choix de la fusion. Mon rôle, je le répète, n’est pas d’arbitrer, mais de voir ce qui correspond aux attentes de la société civile.

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