Camps by the River, 2021. c Huang Yuxing. C de l'artiste et galerie Almine Rech. Photo Hugard et Vanoverschelde. © Photo Hugard et Vanoverschelde

Oeuvre de la semaine: Paysages électriques

Guy Gilsoul Journaliste

Comment Huang Yuxing (° 1975) dont c’est la première exposition chez nous, exprime-t-il son adhésion au bouddhisme en même temps que son urbanité de Pékinois? Aucune allusion politique n’irrigue son propos. Seul, sa réflexion et sa pratique héritières des traditions de l’encre et ouvertes au présent, alimentent la singularité de son oeuvre picturale.

On y voit des paysages de montagnes en pins de sucre, des rivières et des réseaux vibrant d’énergie. Mais à la place des variations qui du noir au blanc construisent les travaux des anciens basés sur une patiente approche d’une nature éternelle, le peintre recourt à une palette vive et fluorescente qui renvoie aux néons des cités. Aux lavis messagers de l’évanescence, il opte pour des tracés hypnotiques innervant le coeur des montagnes dont la forme désigne celle des Monts Jaunes ou celles, mythiques, du Penglai. Et, comme tout est éphémère, l’eau qu’elle soit celle de la rivière ou de la pluie, s’inscrit à son tour comme sujet ambassadeur de son rapport au monde. En perçant la surface de la rivière, cette dernière a provoqué l’apparition d’ondes circulaires qui, dans le bouddhisme, peuvent être associées aux pouvoirs du son « OM » et de la méditation. Le côté répétitif de ces signaux est alors associé aux flux horizontaux qui, en courbes étirées, lie les multiples cercles entre eux à la manière d’une pensée sans contrainte, d’un lâcher-prise. Et surtout, du principe d’impermanence au coeur de laquelle, le peintre vise une harmonie retrouvée à l’intérieur de soi entre le monde extérieur et son contraire, le passé et le présent et qui, parfois, se laisse percevoir à travers la figure du « joyau » figuré par la présence des cristaux inscrit dans la nature. Le titre générique de l’exposition « Heaps of Brocade and Ash » précise l’objectif : « Dans son langage codé, écrit très justement Graces Arnold, « Brocade »(le brocart) représente les souvenirs précieux de l’enfance, le temps passé avec ses proches, les voyages, « Ash » (la cendre) symbolise les sentiments de solitude et d’aliénation crée par l’instabilité, tandis que « Heaps » (les tas) représente la négation, le conflit et la dualité. » Et ce sont bien par ces différentes composantes de ce paysage que Huang Yuxing construit, comme les anciens peintres Song, sa propre appartenance à la Chine de toujours et au présent de ses aspirations.

Bruxelles, Galerie Almine Rech.20 rue de l’Abbaye. Jusqu’au 31 juillet. Du mardi au samedi de 11h à 19h. www.alminerech.com

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