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Nucléaire: « En cas d’accident grave, la couverture des assurances est entre 100 et 1.000 fois trop faible »

Le Vif

Greenpeace publie ce mercredi un rapport alertant sur les risques de poursuivre la production nucléaire au-delà du terme initialement fixé et des activistes mènent une action devant la centrale de Tihange.

Si un accident nucléaire de type Fukushima survenait en Europe, les opérateurs nucléaires devraient dédommager les entreprises, les populations et l’Etat, mais le niveau de couverture d’assurance prévu serait entre 100 et 1.000 fois trop faible pour faire face aux coûts encourus, dénoncent Tom Vanden Borre (KUL) et Michael Faure (Université de Maastricht) dans un rapport de Greenpeace évoqué mercredi dans les pages des quotidiens Le Soir et De Morgen. « Si un accident grave devait se produire, le niveau de couverture prévu par les systèmes européens de responsabilité civile serait, en fonction des Etats, entre 100 et 1.000 fois trop faible pour faire face aux coûts encourus », indiquent-ils.

Ainsi, si un accident devait survenir aujourd’hui dans les centrales nucléaires de Doel ou Tihange, Electrabel devrait supporter moins d’un pourcent des coûts, selon l’étude de l’organisation écologiste. Selon la Commission européenne, une telle catastrophe coûterait en effet 187 milliards d’euros, or la couverture d’assurances est limitée à 1,2 milliard en Belgique.

Or, si l’on part du principe que le vieillissement des centrales nucléaire accroît le risque, la question des dédommagements est centrale. « Maintenant que Tihange 1 restera ouverte plus longtemps que ce qu’il était prévu, le besoin d’avoir un dédommagement sérieux en cas de catastrophe est plus grand que jamais », souligne Tom Vanden Borre.

Avant d’envisager de prolonger les réacteurs, « les Etats devraient d’abord s’assurer que les conditions d’indemnisation des victimes soient considérablement améliorées. »

Actuellement, les demandes de dédommagement sont d’office plafonnées. « Il s’agit d’une double subvention accordée à l’industrie nucléaire qui se cache derrière le plafonnement de la responsabilité de l’exploitant : le coût de l’assurance est sous-estimé, et lorsque le montant de la responsabilité est insuffisant, c’est l’Etat qui doit intervenir », expliquent les chercheurs. Ils plaident dès lors pour une responsabilité déplafonnée et la mise en place d’un fonds commun d’assurance européen.

Electrabel de son côté indique suivre la législation actuellement en vigueur. « Si celle-ci change, nous nous adapterons », indique la porte-parole Geetha Keyaert. La société conteste par ailleurs que la prolongation de Tihange 1 comporte un risque supplémentaire.

Des activistes mènent une action à Tihange Une quarantaine d’activistes de l’organisation écologiste mènent actuellement une action devant l’entrée de la centrale nucléaire de Tihange pour protester contre une possible prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires.

Une vingtaine d’activistes se sont rassemblés mercredi vers 7h devant l’entrée de la centrale de Tihange. Ils n’en bloquent pas l’accès, mais ils ont installé un grand fût nucléaire devant l’entrée, a indiqué mercredi matin le porte-parole de l’organisation, Jan Vande Putte.

Une vingtaine d’activistes sont par ailleurs entrés sur le site de la centrale dans le but d’y dresser une grande banderole, a-t-il ajouté.

L’action devrait durer toute la journée, en fonction de la réaction des autorités et responsables de la centrale.

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