© Jef Boes

« Nous serons de plus en plus souvent confrontés à des sociopathes comme Kim De Gelder »

Le Vif

Pour Jef Vermassen, 2013 aura été l’année du procès Kim De Gelder. Le célèbre avocat y a défendu plusieurs victimes de l’assassin. Dans un entretien accordé à nos confrères du Knack, Vermassen met en garde contre ce qu’il appelle la « psychopathisation » de notre société.

« Les quinze, vingt premières années de ma vie professionnelle j’ai rarement vu des sociopathes comme Kim de Gelder et Ronald Janssen (le tueur d’Annick van Uytsel, Shana Appeltans et Kevin Paulus, NDLR). À présent, nous assistons à une affaire après l’autre en Belgique. C’est très difficile à expliquer, mais je crois que c’est dû à ce que j’appelle la « psychopathisation » de la société. Notre société a fort changé. Les gens vivent de plus en plus pour eux. Les liens sociaux s’effritent, la solidarité a disparu. Autrefois, tous les villages avaient leur fou, mais on le connaissait, on le fréquentait et on s’en occupait. Dans la société actuelle, où il y a tellement de solitaires, une personne ayant des pensées et un comportement déviants peut s’isoler totalement. C’est ce que Kim De Gelder a fait. Il a rompu tous les contacts sociaux pour pouvoir préparer ses actes. Je vous garantis sur papier qu’à l’avenir nous serons confrontés de plus en plus souvent à ce genre d’affaires. Demain un individu dérangé peut se manifester. N’importe où. Et vous aussi pouvez être victimes. En tant que société, nous sommes totalement désarmés face à ça ».

Tout le procès De Gelder tournait autour de la question s’il était responsable de ses actes ou non. Le jury a jugé qu’il l’était, de sorte qu’il n’a pas été interné, mais condamné à la réclusion à la perpétuité et qu’il ne sera donc pas soigné.

Vermassen: « Pour un homme comme Kim De Gelder c’est un sort particulièrement triste parce qu’il s’agit d’un cas où la limite entre responsabilité et troubles mentaux est difficile à tracer. Mais ne vous y trompez pas : s’il était interné, il ne serait pas traité non plus. Ne vous faites pas d’illusions. En Belgique, les personnes atteintes de troubles mentaux mineurs peuvent être hospitalisées dans une clinique privée. Mais les cas difficiles, les agressifs ou les condamnés dont le procès a suscité une grande attention médiatique, n’y sont pas soignés. Donc si Kim De Gelder avait été jugé irresponsable de ses actes, il aurait été enfermé dans une aile de la prison pour internés où il n’aurait pas été soigné. Seule la blouse du gardien aurait été blanche au lieu de grise.

Ilse Degryse

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