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« Nous naissons tous racistes »

Le Vif

À en croire le psychologue social et neurologue Frank Van Overwalle (VUB), l’esprit de cloisonnement et le racisme font partie de la nature de chacun. Pour lui, le racisme, la discrimination et la pensée stéréotype ne sont pas enracinés dans la culture, mais dans la biologie.

Interrogé par le quotidien De Morgen, Van Overwalle explique que les germes des préjugés se trouvent en chacun de nous et peuvent rapidement dégénérer en racisme. « À un certain point de notre évolution, il s’est avéré qu’il valait mieux pour l’homme de coopérer et former un troupeau. Mais en même temps, il devenait nécessaire de se méfier d’autres troupeaux, car ils pouvaient apporter des germes de maladie ou avoir des mauvaises intentions. Celui qui faisait trop confiance à un autre, était éradiqué par l’évolution. »

Pour mieux comprendre ces autres troupeaux, et donc anticiper un maximum le danger, il était nécessaire de développer des préjugés. De plus, il est plus facile pour le cerveau humain de diviser les gens en groupeset de leur attribuer des qualités.

Wallons fainéants

Et même si aujourd’hui, on ne vit plus en troupeau, les préjugés sont restés. « Pensez à l’image des Flamands travailleurs et des Wallons fainéants. Comme la Wallonie est souvent représentée de manière négative dans les médias, la source moderne d’informations, une perception négative se crée. Ce mécanisme nous permet de mieux comprendre le groupe. »

Il en va de même pour les préjugés à l’égard des musulmans. Et parfois ces préjugés dégénèrent en racisme. « Tout humain a une identité sociale qui lui permet de se démarquer d’autres groupes. Le mélange de cette donnée, les préjugés négatifs et la méfiance biologique sont le cocktail idéal du racisme », déclare Frank Van Overwalle au Morgen.

Il ajoute que le racisme n’est pas du tout propre à la culture occidentale. C’est de la simple biologie. Ainsi un groupe de personnes d’origine arabe peut éprouver un sentiment raciste à l’égard de blancs et l’inverse est également vrai.

Le scientifique souligne que, quelle que soit la lutte qu’on lui oppose, le racisme ne disparaîtra jamais. « Se rendre compte que c’est dans notre nature doit nous inciter à corriger notre comportement. Et l’Histoire nous apprend à réprimer le racisme de manière de plus en plus efficace. Nous ne devons pas volontairement ployer sous le racisme », conclut-il. (CB)

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