Elio Di Rupo © Belga

Nethys: le gouvernement wallon casse les ventes de Voo, Elicio et Win

Le Vif

Le gouvernement wallon a pris dimanche trois arrêtés cassant les ventes, par Nethys, des parts de cette dernière dans le câblodistributeur Voo, la société d’énergie éolienne Elicio et la firme de services informatiques Win, ont annoncé le ministre-président Elio Di Rupo et le ministre des Pouvoirs locaux Pierre-Yves Dermagne.

Nethys, société privée théoriquement responsable devant sa maison-mère publique, l’intercommunale Enodia (ex-Publifin), a répondu ces derniers jours au gouvernement wallon qui l’avait questionnée à la suite des nombreuses révélations de presse ces dernières semaines sur les procédures de vente enclenchées le 22 mai dernier.

Dans ces réponses, l’équipe Di Rupo a découvert que Nethys avait réalisé le 2 septembre dernier les ventes de ses actions dans Win et Elicio aux sociétés de François Fornieri – par ailleurs administrateur de Nethys -, Ardentia Tech et Ardentia. La vente de Voo aux fonds américain Providence Equity a quant à elle fait l’objet d’un contrat de cession d’actions, mais cette cession doit encore être réalisée.

Le gouvernement wallon souligne les conflits d’intérêts, le manque de mise en concurrence, le montant dérisoire de certaines ventes et le fait que tout s’est fait à l’insu des responsables publics, au détriment de l’intérêt général. Ainsi, les décisions de cession de participations dans Voo, Elicio et Win n’ont pas été soumises à l’avis conforme de l’intercommunale Enodia (ex-Publifin), tel que l’exige le Code de la démocratie locale.

Nethys estime ne pas être soumise à cette disposition qui ne serait à ses yeux entrée en vigueur que le 24 mai dernier, soit deux jours après les premiers actes de vente, alors que le gouvernement wallon considère que l’entrée en vigueur remonte à un an plus tôt. Ces procédures de vente « ne présentent pas des garanties suffisantes en vue d’obtenir le meilleur résultat pour les autorités locales », à savoir les communes liégeoises et la province qui sont actionnaires de Nethys.

Et M. Dermagne de de détailler ces procédures, société par société. Concernant Win, en acceptant l’offre de la société Ardentia Tech, « Nethys a outrepassé le mandat de négociation qui lui avait été donné par le Conseil d’administration d’Enodia ». La mise en concurrence n’a pas été faite, alors que d’autres opérateurs avaient manifesté leur intérêt. « C’est d’autant plus grave que la vente se fait à Ardentia Tech dont le fondateur (le patron de Mythra François Fornieri, NDLR) est par ailleurs administrateur de Nethys, et qu’il était prévu que l’administrateur délégué de Nethys (Stéphane Moreau, NDLR) co-investisse dans Ardentia Tech », dénonce le ministre.

Le même reproche d’absence de mise en concurrence est fait concernant Elicio, vendue à Ardentia, autre société de M. Fornieri. Le prix de cession de cette société est symbolique et dérisoire: deux euros, tandis que Nethys continuerait d’octroyer à Elicio environ 264 millions d’euros de prêts après sa privatisation. « En bref, on cherche à privatiser les profits sur cette activité et à collectiviser une partie des pertes », résume Pierre-Yves Dermagne. Et là aussi, le conflit d’intérêts dans le chef de MM Fornieri (administrateur et acheteur) et Moreau (administrateur et co-investisseur) semble patent. Concernant la vente de 51% dans VOO, Nethys a bien initié une procédure concurrentielle de vente.

« Mais sa mise en oeuvre présente plusieurs lacunes qui permettent de douter que les meilleures conditions, financières et autres (concernant l’emploi et l’ancrage des centres décisionnels), ont pu être obtenues. » Au vu de tous ces éléments, M. Dermagne a exercé son pouvoir de tutelle en annulant les décisions du conseil d’administration de Nethys du 22 mai dernier, et a transmis ces nouveaux éléments au parquet fédéral.

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