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Molenbeek: qui pour remplacer Philippe Moureaux au PS?

Les héritiers putatifs de Philippe Moureaux à Molenbeek jouent à cache-cache. Rachid Madrane, Catherine Moureaux, Jamal Ikazban, Ahmed Laaouej pourraient lui succéder dans cette commune qui est une bombe à retardement.

Longtemps, la forte personnalité du ministre d’Etat et patron tout-puissant de la fédération bruxelloise du PS, bourgmestre de 1992 à 2012, a occulté le problème de sa succession. Sous son maïorat, la population est passée de 69 0000 à 95 000 habitants. Quartiers clivés, insécurité, pauvreté, replis communautaires : les problèmes ont grandi en proportion.

En 2012, suite au lâchage du CDH par le PS à Bruxelles-Ville, l’hôtel de ville a été conquis par la libérale Françoise Schepmans et ses alliés CDH et Ecolo. Pour le PS, il est capital de reprendre en 2018 cette commune qui lui est naturellement vouée. C’est l’une des clés du pouvoir régional. Mais avec quel leader ?

Sur sa page Facebook, Renaud Denuit, ancien journaliste de la RTBF et ancien membre du PS, a récemment lancé la piste Rachid Madrane, son vieil ennemi d’Etterbeek. Dans ce scénario (Denuit est aussi écrivain), le nouveau ministre de l’Aide à la jeunesse et aux maisons de justice de la Fédération Wallonie-Bruxelles s’apprêterait à descendre sur Molenbeek pour être candidat tête de liste aux élections de 2018, tout auréolé de son statut de ministre. Malgré son retrait de la vie politique, Philippe Moureaux serait à la manoeuvre. Vrai ou faux ? A ce stade, rien n’est fait, mais la complexité des possibilités montre que la commune est à un tournant.

Si pas Madrane, qui d’autre ? Catherine Moureaux, pardi ! En off, c’est l’évidence pour certains cadres socialistes bruxellois. Médecin généraliste, la fille de Philippe Moureaux et de Françoise Dupuis, ancienne présidente du Parlement bruxellois, a entamé sa mue politique en 2006. Elue au conseil communal de Schaerbeek, elle a eu la chance que Fatiha Saïdi, une transfuge d’Ecolo, accepte de migrer au Sénat pour lui permettre de prendre sa place au Parlement bruxellois. Puis qu’Olivia P’tito, conseillère communale à Molenbeek et députée régionale, soit nommée à la direction de Bruxelles Formation (organisme public chargé de la formation professionnelle francophone en Région bruxelloise) et libère pour elle sa place d’élue régionale. De l’usage intelligent des suppléances…

Et les Molenbeekois ? Vont-ils accepter un tel parachutage ? Cela déplairait assurément au lobby informel mais bien présent au sein de la fédération, qui vise à accroître la visibilité des socialistes d’origine marocaine. La communauté turque a été mise à l’honneur avec le maïorat de Saint-Josse décroché par Emir Kir. Il serait logique que la communauté marocaine obtienne à son tour une forme de reconnaissance, vu son poids dans l’électorat socialiste. Jamal Ikazban, chef de file du PS à Molenbeek et député régional, n’a pas été adoubé comme le successeur par Philippe Moureaux, même si ce dernier est venu le soutenir en campagne. Il ne fait pas le consensus au sein du PS, encore moins au-dehors. Une haine corse l’oppose à Ahmed El Khannouss (CDH), un ancien travailleur social comme lui, aujourd’hui échevin de la majorité. Il est jugé trop communautariste, pratiquant le favoritisme, la tête près du bonnet, parfois injurieux…

Si le PS du boulevard de l’Empereur veut s’en mêler, il a sous la main un candidat qui fait l’unanimité: Ahmed Laaouej. Celui-ci est bien implanté dans la commune de Koekelberg, voisine de Molenbeek, où il est également très populaire. Avec Laaouej, pas de mauvaises surprises à attendre. Ce Belgo-Marocain d’origine liégeoise s’est parfaitement intégré à Bruxelles. Il est l’un des as de l’Institut Emile Vandervelde, un ministre en puissance, mais il n’est pas classé dans le clan Moureaux.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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