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Mittal : deux députés liégeois donnent trois mois à la Région

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

Frédéric Daerden (PS) et Eric Jadot (Ecolo) mettent la pression sur le gouvernement Demotte. Dans Le Vif/L’Express de cette semaine, ils évoquent l’avenir de la sidérurgie. Cash.

Frédéric Daerden, député européen et bourgmestre PS de Herstal, et Eric Jadot, député fédéral et conseiller communal Ecolo à Herstal, décrètent l’urgence, dans le dossier Mittal. Dans une interview publiée par Le Vif/L’Express de cette semaine, ils lancent un ultimatum à la Région wallonne, donc au gouvernement de Rudy Demotte. Florilège :

Eric Jadot : « J’entends le ministre de l’Economie, Jean-Claude Marcourt, dire : si on a un repreneur, ce qui m’intéresse, c’est son projet industriel. Il y a quelques mois, on spéculait sur le projet industriel de Mittal. Moi, ce que j’aimerais connaître, c’est le projet industriel de M. Marcourt, de la Région wallonne, de l’Europe. Il se peut qu’on aboutisse à la conclusion qu’un portage public est impayable. Mais alors disons-le vite. Ce qu’il ne faut plus, c’est venir avec des bouts de ficelle, et fermer dans deux ans. »

Frédéric Daerden : « La sidérurgie de demain ne sera plus celle d’hier. Maintenant, ça ne doit pas devenir non plus une sidérurgie d’hyper-niche, qui occuperait 50 ou 100 travailleurs à Liège. Nous devons avoir une autre ambition que celle-là. Pour maintenir ce secteur, dans une période de crise conjoncturelle de toute la sidérurgie européenne, il faudra de toute façon une aide des pouvoirs publics. L’opération ne doit pas porter préjudice aux politiques structurelles de redéploiement de la Wallonie, ni entraîner une réduction des dépenses sociales. Maintenant, je vais poser une question : faut-il vraiment payer pour l’outil ? Je ne suis pas sûr que la reprise de l’outil doit coûter. »

Eric Jadot : « Un des problèmes, c’est qu’on a déjà perdu beaucoup de temps. On sait depuis quatorze mois que Mittal va fermer au moins le chaud, et on vient seulement de solliciter une banque d’affaires pour chercher des repreneurs. Un rapport de Laplace Conseil sur l’avenir de la sidérurgie liégeoise était sur la table. Qu’en a-t-on fait ? Le problème, dans ce dossier-là, est systématiquement le même : le politique a toujours trois coups de retard. »

Frédéric Daerden : « Ce n’est pas parce que la piste du portage public paraît de prime abord compliquée qu’il ne faut pas l’envisager. Mais il faut vite une réponse. Dans les deux ou trois mois. L’aboutissement viendra d’un panachage de formules. Avec une implication publique, avec un ou des repreneurs privés, et avec Mittal qui reste un acteur de la pièce. Croire que tout va se faire en imposant notre schéma à Mittal n’a aucun sens. »

Qu’avez-vous envie de dire à Rudy Demotte et à Jean-Claude Marcourt ?

Eric Jadot : « Qu’ils n’ont plus beaucoup de temps. Frédéric a parlé de deux, trois mois maximum. Passé ce délai, on doit avoir un scénario chiffré. A partir du moment où on envoie du Johnny et du Allumer le feu, comme l’a fait Jean-Claude Marcourt lors de la réouverture du haut-fourneau en 2007, on incarne un combat, on a une obligation de résultat. »

Frédéric Daerden : « J’attends d’eux qu’ils soient omniprésents. Une mobilisation totale, pour trouver la solution dans un délai court. Et puis, sur la base de la synthèse qu’on recevra dans deux ou trois mois, un choix clair, un discours franc et réaliste. Il sera essentiel d’expliquer pourquoi on garde certaines pistes, pourquoi on en abandonne d’autres. Rudy et Jean-Claude vont devoir être pédagogues. »

L’intégralité de l’entretien dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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