© Image Globe / ERIC LALMAND

Milquet et le Voka :  » du mépris pour les francophones « 

Le 11 avril dernier, la rencontre entre quatre présidents de partis francophones et une quarantaine d’entrepreneurs flamands aurait pu être un moment de vérité. Une éclaircie, pourquoi pas décisive, dans le brouillard politique persistant. Mais le tournant a viré à l’embardée. Raillée par des patrons flamands du Voka, la présidente du CDH Joëlle Milquet réagit sous l’insulte : « affligeant, pathétique, vexatoire, mensonger. » Elle revient sur l’incident.

Cette rencontre entre présidents de partis francophones et patrons flamands : fausse bonne idée ?

Cette rencontre n’était pas mon idée, mais j’ai joué le jeu. Je me suis exprimée en néerlandais, de façon respectueuse et professionnelle, j’ai fait de manière précise ma présentation des transferts de compétences qui se trouvent sur la table des négociations. Et voilà que j’entends que tout cela manquerait de vision. Le Voka avait préparé son communiqué, avant nos exposés, et ne l’a en rien modifié après : les dés étaient pipés. Les réactions n’étaient que politiques et caricaturales. Il y a, derrière cette attitude et les interviews données après, un grand mépris de certains patrons envers la classe politique. Il y a ensuite un réel mépris pour les francophones et leurs leaders, que l’on essaie de faire passer pour n’importe qui de manière éhontée. Et, enfin, un certain mépris pour la femme. Pourtant, je rencontre beaucoup de citoyens flamands, d’entrepreneurs flamands, les membres de la FEB ou d’autres organisations flamandes : je peux vous dire que les rapports, le respect et la sympathie sont tout autres.

Le Voka sort-il de son rôle?

Qu’on ne se trompe pas : les dirigeants du Voka qui s’expriment font de la politique et pas autre chose. Ils participent à cette grande politique de communication à l’égard de l’opinion publique flamande pour démontrer, de manière infondée, ce que la N-VA essaie de faire passer comme message : les francophones ne veulent rien, sont un poids, sont de mauvais gestionnaires, laxistes, sans vision, de gauche, immobilistes, etc. C’est affligeant, pathétique, mensonger, vexatoire, et quasiment injurieux. Et certains médias relaient ces critiques comme de l’argent comptant, sans se rendre compte de la manipulation que cela sous-entend.

Le Voka aurait-il donc un agenda caché ? Ces propos devraient faire sourire, tant l’excès est anodin. Mais, in fine, ils sont dangereux, surtout dans un Etat devenu si fragile, et porteurs de mépris pour toute une communauté. Que l’on arrête ces images absurdes sur Bruxelles et sur la Wallonie, en plein redéploiement dynamique. La saga du port d’Anvers, c’était à Namur qu’elle se déroulait ? Il y a, derrière cette volonté d’attaquer constamment les francophones, un sentiment exprimé dans le bouquin d’Orwel, « 1984 » : « faire l’unité contre un ennemi extérieur. » Un peu de sang-froid, d’objectivité et de respect ! Assez de ces jeux de bacs à sable stériles.

Entretien : P.Hx

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