Theo Francken © BELGA

Migrants : Theo Francken conteste la clé de répartition européenne

Le secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Theo Francken a contesté mardi à la Chambre le mécanisme proposé par la Commission européenne pour répartir dans toute l’Europe les demandeurs d’asile sauvés en Méditerranée.

Il juge notamment que la proposition ne prend pas suffisamment en compte les efforts que certains États membres ont déjà fournis en matière d’accueil des demandeurs d’asile. C’est pour aider les pays confrontés en première ligne à l’afflux des migrants, comme l’Italie ou Malte, que la Commission veut mettre en place ce système de répartition des demandeurs d’asile à travers toute l’Europe.

Ce mécanisme d’urgence serait complété d’un programme de réinstallation de réfugiés qui concernerait 20.000 réfugiés au total. L’objectif est que tous les États membres se montrent solidaires. Interrogé mardi en commission de la Chambre, M. Francken (N-VA) juge pour sa part que la Commission doit davantage prendre en considération la densité de population d’un pays plutôt que le nombre d’habitants pour établir ses quotas.

Le critère population pèse pour 40% dans la clé de répartition, tout comme la richesse du pays (Produit intérieur brut, PIB). Le taux d’emploi et le nombre de demandeurs d’asile accueillis entre 2010 et 2014 pèsent quant à eux chacun pour 10%. Dès lors, la Belgique est appelée à accueillir 2,91% des demandeurs d’asile répartis.

Theo Francken, lui, fait valoir que la Belgique fournit depuis des années plus d’efforts que la moyenne européenne. Il souligne que la clé de répartition ne vaut pas pour tous les migrants recueillis en mer, mais seulement pour les personnes ayant une forte chance de voir leur demande aboutir, comme les Syriens ou les Érythréens. Il affiche en outre sa réticence à voir le système entrer en vigueur tant que les pays d’accueil de première ligne comme la Grèce ou l’Italie ne sont pas capables d’enregistrer correctement les réfugiés et de prendre leurs empreintes digitales.

Le secrétaire d’État se demande aussi pourquoi des pays nord-africains ne lancent pas eux-mêmes des actions de recherche et de sauvetage en Méditerranée. En 2014, cinq pays (l’Allemagne, la Suède, la France, l’Italie et la Hongrie) ont supporté environ trois quarts des demandes d’asile.

La Belgique est neuvième. Pour la députée CD&V Nahima Lanjri, ce n’est certes pas mal, mais en termes de réinstallation de réfugiés, « la Belgique n’est certainement pas la meilleure de la classe ». « Il ne faut pas toujours se comparer aux pays qui font moins bien que nous, car nombre de pays font bien mieux », a-t-elle lancé à M. Francken qui, la contestant, a rappelé que le nombre de réinstallations était passé de 150 à 550 cette année.

Quant à la piste lancée par la Commission européenne de traquer et détruire les embarcations des trafiquants d’êtres humains, elle nécessite une résolution des Nations unies, ou à tout le moins un accord express de la Libye, ont fait observer le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders (MR), et le ministre de la Défense, Steven Vandeput (N-VA). Mais comment rassembler des dirigeants libyens actuellement désunis autour de cette piste, ont-ils laissé entendre.

Dans la perspective d’une opération européenne sur le long terme, la Belgique examinera toutefois une contribution éventuelle à inscrire dans son « planning des prochaines années », selon M. Vandeput. Le Godetia de la marine belge patrouille depuis dimanche en Méditerranée, mais dans le cadre de l’opération Triton de l’agence européenne Frontex. Il ne peut saisir aucun navire ni interpeller des trafiquants.

L’équipage peut juste monter sans arme à bord de ces bateaux pour embarquer des réfugiés en danger ou, en cas d’urgence, remorquer des embarcations à la dérive. Pour l’opposition, cet effort belge reste insuffisant.

Le sp.a, Ecolo-Groen, le PS et le cdH soulignent le devoir de sauver toute vie humaine. Georges Dallemagne (cdH) estime que Theo Francken « chipote avec les pourcentages », sans aborder de front les causes du problème. « La prévention des conflits, la coopération au développement, etc…

Dans chaque domaine où l’on peut travailler sur les causes de fond, le gouvernement fait des économies. Cessez donc cette hypocricie », a lancé Wouter De Vriendt (Groen). Quant à la destruction de bateaux de trafiquants, comment la mettre en oeuvre, tant les possibilités sont réduites sur le plan militaire, a demandé Dirk Van der Maelen (sp.a)

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