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Mieux détecter les victimes pour lutter efficacement contre la traite des êtres

Pour lutter plus efficacement contre la traite des êtres humains en Belgique, il est essentiel de se donner les moyens de mieux détecter les victimes et de les orienter vers les centres d’aide spécialisés, estime lundi l’association PAG-ASA à l’occasion de la publication de son rapport annuel.

« Derrière chaque victime que nous accompagnons, il y a un exploiteur qui mérite de finir derrière les barreaux », insiste Sarah De Hovre, directrice de PAG-ASA. « Souvent la traite des êtres humains est loin d’être leur seule infraction. Les témoignages des victimes aident la police et la justice à les arrêter ».

PAG-ASA est l’une des trois centres spécialisés en Belgique pour l’aide aux victimes de la traite des êtres humains, aux côtés de Payoke et Sürya.

En 2017, l’association est venue en aide à pas moins de 210 personnes au total. De plus, 25 jugements contre des criminels ayant exploité une ou plusieurs victimes accompagnées par PAG-ASA ont été rendu l’an dernier, dont celui emblématique contre des princesses des Emirats Arabes Unis qui, en 2008, avaient exploité une vingtaine de domestiques comme des esclaves dans leurs suites de l’hôtel Conrad, en plein coeur de Bruxelles.

Malheureusement, une fois signalées, les victimes d’exploitation n’osent pas toujours dénoncer leurs bourreaux et profiter de la procédure belge de protection pour victimes de traite des êtres humains.

« Pour certaines victimes, la peur des représailles est trop forte pour porter plainte. Le milieu de l’exploitation menace leur vie, leur famille et s’appuie sur leur peur d’être chassé de la Belgique », explique PAG-ASA. « Mentalement enchaînées par des dettes et des menaces, les victimes de la traite se sentent souvent impuissantes et ne voient aucune porte de sortie. Avant d’être détectées, les victimes ne savent pas qu’une procédure de protection existe, ni même qu’elles sont victimes d’actes criminels ».

Si en 2014 70% des victimes d’exploitation sexuelle étaient originaires de l’Europe de l’Est, l’an dernier, 67% venaient du Nigéria. Selon l’association, cette évolution s’explique par le démantèlement en 2017 par la police d’un gros réseau d’exploitation nigérian.

« Cela ne signifie toutefois pas que les filles de l’Europe de l’Est ne sont plus exploitées en Belgique », poursuit Sarah De Hovre. « Souvent elles sont sous l’emprise d’un ‘loverboy’. Elles sont obligées de se prostituer par un homme qui prétend être amoureux d’elles. Les chaînes sont difficiles à briser parce qu’à la base de l’exploitation il y a ce lien sentimental avec l’exploiteur ».

Depuis sa création en 1994, l’association PAG-ASA a accueilli plus de 1.700 victimes au total.

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