Thierry Fiorilli

Michelle Martin, porteuse d’espoirs

Thierry Fiorilli Journaliste

« Il existe des lois pour défendre les droits individuels des citoyens contre les comportements de la société. Hélas, certains individus en profitent alors qu’ils ne devraient, stricto sensu, ne pas y avoir droit. Ce n’est néanmoins pas une raison pour remettre en cause tout le système. Si Martin répond aux conditions établies par la loi, il n’y a aucune raison que cette même loi ne s’applique pas aussi à son cas et c’est ce que nous devrions respecter. »

« Il existe des lois pour défendre les droits individuels des citoyens contre les comportements de la société. Hélas, certains individus en profitent alors qu’ils ne devraient, stricto sensu, ne pas y avoir droit. Ce n’est néanmoins pas une raison pour remettre en cause tout le système. Si Martin répond aux conditions établies par la loi, il n’y a aucune raison que cette même loi ne s’applique pas aussi à son cas et c’est ce que nous devrions respecter. » Les propos sont ceux de Rachel Vanderhoven, la maman de Eefje Lambrechts qui, avec son amie Ann Marchal, fut enlevée et tuée par Marc Dutroux.

« Dans un Etat de droit comme le nôtre, il est sain que les libérations conditionnelles soit ordonnées par un tribunal, et non par la presse, l’opinion publique ou les victimes elles-mêmes. C’est une question d’humanité et de civilisation », rappellent, dans La Libre, de Robert De Baerdemaeker et Patrick Henry, président et vice-président de l’Ordre des Barreaux francophones et germanophone.

« Nous avons la profonde conviction qu’enfermer définitivement le déviant dans son passé délictueux et l’acculer à la désespérance ne serait utile à personne et serait au contraire une marche arrière pour notre société. » La déclaration est de Soeur Christine, l’abbesse de la communauté de Malonne, qui abrite désormais Michelle Martin.

« Demain vous appartient. Faites un geste, et faites-en un chaque jour. Ne comptez pas sur un pardon, il faudra vivre sans. Demain, restez secrète derrière les murs, mais ne restez pas muette. Pour ceux qui ont gardé un mince espoir de consolation : surmontez votre honte et bravez votre peur. Faites un geste. Faites un geste plus fort chaque jour. Ne vivez pas en comptant vos jours. Vivez pour réparer. Une justice qui ne répare pas, ce n’est pas la justice. » Cette prière, faite à l’ex-femme de Dutroux, est celle de Jan Nolf, juge de paix honoraire, dans une lettre ouverte publiée mardi sur levif.be/ Quatre prises de position, publiques. Chaque fois, par des individus concernés au premier chef par la libération conditionnelle de Michelle Martin, qui a effectué 16 des 30 ans de prison auxquels un jury populaire l’avait condamnée. Chaque fois, avec calme. Logique. Justesse. Et courage, immense, presque inouï face au médiatico-populo-politique, consternant, qui alimente le climat de haine, de régression, d’aigreur et d’indécence devenu notre milieu naturel – « Le cynisme est le critère d’intelligence d’aujourd’hui », se désole le philosophe Gérald Bronner.

Quatre prises de position qui font de la femme la plus haïe de Belgique, désormais sortie de prison, celle sur laquelle pèsent le plus… d’espoirs.

Pour ceux qui croient encore en la victoire de l’humanité sur la barbarie.

Pour ceux qui constatent qu’au nom de « la proximité », de « l’émotion des gens » et de « ce qui les préoccupent le plus », la plupart des médias et des politiques n’agissent et ne réagissent qu’à l’emporte-pièce, vues courtes et muscles bandés, pour ne nourrir finalement que la gigantesque déshumanisation de notre quotidien.

Pour ceux qui, comme Jan Nolf, implorent Martin d’être plus grande que tous les loups hurlant autour du couvent : « Vous connaissez les questions qui restent et qui hantent. A vous de réfléchir et d’agir. La justice ne peut plus rien réparer sans vous. Elle a donc besoin de vous, de votre parole. Faites-le pour ces parents et faites-le aussi un petit peu pour nous tous, pour notre état de droit. Afin qu’il reste présent pour tout le monde, y compris pour vous. »

Pour ceux qui restent convaincus que c’est des ténèbres que jaillit la lumière. Toujours.

Et nous sommes de ceux-là.

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