© BELGA/Nicolas Maeterlinck

Michel repousse de 7 ans la pension des militaires: « Quel magnifique remerciement »

La députée PS Julie Fernandez Fernandez a dénoncé lundi à l’occasion du débat parlementaire sur la déclaration de politique générale l’annonce par le gouvernement de la suppression de la mise en pension d’office à 56 ans pour les militaires à partir du 1er janvier 2018 alors que l’âge de départ à la retraite sera progressivement repoussé à 63 ans à l’horizon 2030.

« Le premier ministre nous annonce ce weekend, entre la poire et le fromage, que la mise en pension d’office à 56 ans pour les militaires sera supprimée à partir du 1er janvier 2018. Cela signifie concrètement, pour certains militaires, qu’ils devront travailler 7 ans de plus ! Et cela, sans la moindre concertation ni prise en compte de la spécificité de leur fonction ! Quelle marque de respect, quel magnifique remerciement pour les militaires que ce gouvernement a mis à toutes les sauces depuis les attentats », a-t-elle fustigé dans un communiqué.

Pour le groupe PS, cette décision du gouvernement MR/N-VA fait honteusement table rase de la pénibilité du travail de nos soldats. Il réalise aussi un bien mauvais calcul budgétaire: garder les militaires en activité plus longtemps gonflera non seulement l’enveloppe des salaires, accentuera les maladies professionnelles, mais compromettra également fortement l’engagement de jeunes recrues qui devaient en principe remplacer le départ des plus âgés.

Le groupe PS a demandé que la commission Défense reçoive au plus vite les syndicats pour qu’ils puissent enfin donner leur point de vue sur cette décision qui leur a été imposée sans aucune concertation.

Pour le ministre des Pensions Daniel Bacquelaine, il faut tenir compte des discussions sur la pénibilité des métiers qui leur permettra de quitter plus tôt. « On ne demandera pas aux militaires de partir dans les zones de combat à 60 ans », a-t-il dit évoquant une proposition de « bon sens », justifiée par l’équité et la nécessité d’harmoniser.

« Inacceptable »

Le front commun composé des quatre syndicats du personnel militaire a par ailleurs qualifié d' »inacceptables » les décisions du gouvernement de relever progressivement, à terme, de l’âge de la pension de 56 à 63 ans pour les militaires, une mesure « surprise ».

« Le gouvernement démontre ainsi qu’il ne témoigne pas du moindre respect pour l’engagement et la loyauté de nos militaires qui, tous les jours, s’investissent dans la sécurité de notre société », ont-ils indiqué dans un rare communiqué conjoint.

« En outre, ces mesures vont à l’encontre des ambitions de l’accord gouvernemental et de la Vision stratégique de la Défense: un rajeunissement de l’armée et une carrière militaire attrayante », ont affirmé le Syndicat libre de la Fonction publique (SLFP) Défense, la CSC-Services publics, la Centrale générale des Services publics (CGSP et la Centrale générale du Personnel militaire – CGPM, apolitique).

Le ministre de la Défense, Steven Vandeput (N-VA), a informé lundi après-midi les quatre syndicats à propos des décisions de principe concernant l’avenir des pensions militaires annoncées ce week-end par le gouvernement dans le cadre de l’établissement du budget 2017.

Les propositions formulées par M. Vandeput comprennent notamment, au nom d’une harmonisation au sein de la Fonction publique (dont il est aussi le ministre de tutelle), le relèvement de l’âge de la pension des militaires à partir de 2017, la suppression du calcul avantageux (tantièmes) à partir de janvier 2019 et l’introduction de conditions de carrière (comme un nombre minimal d’années de service) avant de pouvoir partir à la pension.

Selon les syndicats, l’augmentation de l’âge de la pension serait introduite de manière progressive – mais plus rapide que l’allongement des carrières dans le civil -, à savoir 57 ans en 2018, 57,5 en 2019, 58 ans en 2020, 58,5 en 2021, 59 en 2022, 59,5 en 2023, 60 ans en 2024, 60,5 en 2025, 61 en 2026, 61,5 en 2027, 62 en 2028, 62,5 en 2029 et 63 en 2030.

« Sur la base de ce qui précède, on peut conclure que les militaires qui, par exemple, se trouvent aujourd’hui à 7 ans ou moins de leur pension, verront doubler leur temps de service qui leur reste encore à prester, souligne le Front commun syndical du personnel de la Défense.

« Pour les jeunes militaires aussi, cela n’offre plus du tout la moindre perspective sur une carrière réaliste et attractive liée à la nature du métier militaire », dénoncent les quatre syndicats.

« En tant que représentants du personnel militaire, nous trouvons inacceptables ces décisions du gouvernement. Nous attendons que tant le gouvernement que le ministre de la Défense prennent les mesures nécessaires prévoyant un régime de pension pour les militaires qui tienne la route. En tant que syndicats, nous mettrons tout en oeuvre pour restreindre ces mesures de sorte que la spécificité du métier de militaire reste reconnue », ajoute le communiqué conjoint.

« Au cours de jours et semaines à venir, nous prévoirons des actions syndicales ciblées », indiquent les quatre syndicats.

Le relèvement de l’âge à terme de la pension à 63 ans pour les militaires, une mesure « surprise » du gouvernement MR, N-VA, CD&V et Open Vld lors du conclave budgétaire, risque d’entraîner pour la Défense un coût récurrent, d’année en année estimé à au moins 100 millions d’euros, car les militaires maintenus sous les armes sont les plus âgés (et donc les plus chers), a indiqué une source informée à l’agence Belga.

« Ce qui risque de conduire la Défense à la faillite », a précisé un spécialiste du dossier, alors que ce département est par ailleurs contraint d’économiser, comme les autres ministères fédéraux, à l’exception de la Justice, 1% sur son budget annuel en 2017.

« C’est un coup de massue », a commenté à l’agence Belga mais sous le couvert de l’anonymat, un sous-officier qui sera directement affecté par la décision du fédéral en se plaigant « du manque de respect de notre boulot ».

Contenu partenaire