Els Clottemans © Belga

Meurtre au parachute : Els Clottemans passera-t-elle aux aveux ?

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Selon plusieurs quotidiens flamands, Els Clottemans, condamnée en 2010 à 30 ans de prison pour avoir saboté le parachute de sa rivale amoureuse, demande sa libération anticipée. Le tribunal d’application des peines traitera sa demande mardi prochain.

L’affaire du meurtre de parachute avait défrayé la chronique en Flandre, principalement parce que l’accusée, Els Clottemans, âgée de 22 ans au moment des faits, a toujours clamé son innocence et qu’elle a été condamnée sans preuves matérielles à l’issue d’un procès à la Cour d’assises de Tongres.

Pour rappel, le 18 novembre 2006, Els Van Doren, une mère de famille âgée de 37 ans, se tue lors d’un saut en parachute à Opglabbeek, à quelques encablures de Genk. L’enquête révèle que les courroies des deux parachutes, le principal et celui de secours, ont été sectionnées, un sabotage impossible à détecter sans ouvrir le parachute.

Triangle amoureux

Rapidement, les enquêteurs découvrent un triangle amoureux au sein du club de parachute Zwartberg. Els Clottemans, surnommée « Babs », et Els Van Doren, amies proches et membres du club, entretiennent toutes les deux une liaison avec Marcel Somers, un parachutiste néerlandais. Lors du procès, ce dernier affirme qu’Els Van Doren est « la femme de sa vie » et que la relation avec la jeune Clottemans « s’est produite naturellement ».

Très vite, les soupçons se portent sur Els Clottemans. Celle-ci proteste vivement et témoigne de ses liens d’affection et de son admiration envers Els Van Doren. Contrairement à Jan De Wilde, le mari d’Els Van Doren, et Marcel Somers, elle refuse de se soumettre à un test de détecteur de mensonge.

Une semaine avant le drame, les trois protagonistes se retrouvent dans l’appartement de Marcel Somers, à Eindhoven aux Pays-Bas. Contrainte de dormir au salon à quelques mètres du couple, Els Clottemans a tout le loisir de saboter le parachute de Van Doren.

« Pas de preuve pas, de délit »

Très médiatisé, le procès divise la Flandre. Il y a ceux qui croient en l’innocence de « Babs » et ceux qui la croient coupable. Il déclenche un tsunami de réactions sur les réseaux sociaux et même plusieurs manifestations sous la bannière « pas de preuve, pas de délit ». Un quotidien limbourgeois publie même un sondage interrogeant ses lecteurs sur la culpabilité de Clottemans. L’accusée, elle, ne flanche pas. Elle continue à clamer son innocence.

Malgré l’absence de preuves matérielles, Els Clottemans est condamnée à 30 ans de prison. Comme l’écrivait La Libre Belgique à l’époque, la cour et le jury ne retiennent aucune circonstance atténuante dans les faits, « particulièrement graves et horribles » où la victime « a dû voir arriver sa fin en pleine conscience ». Si elle évite la perpuité, c’est en raison de sa personnalité « très perturbée » qui nécessite un accompagnement intense.

Pour l’avocat général, Patrick Boyen, l’accusée a eu 171 heures et 37 minutes entre le moment du sabotage et le drame pour tout arrêter, même de façon anonyme, et éviter une mort atroce à la victime. « Elle ne l’a pas fait », insiste-t-il.

Aujourd’hui, on peut se demander si l’ancienne institutrice avouera le meurtre de sa rivale amoureuse. Généralement, le tribunal pénal attend d’un condamné qu’il fasse preuve de contrition pour obtenir une libération anticipée, même si comme le rappelle Het Nieuwsblad, Léopold Storme, libéré sous conditions en février 2017, n’a jamais avoué le meurtre de ses parents et de sa soeur.

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