Anne-Sophie Bailly

Cher enseignant qui étiez en classe lundi, merci

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Merci d’avoir passé outre vos craintes sanitaires, votre peur de tomber malade ou de contaminer vos proches. Merci de n’avoir pas réduit l’école à sa dimension unique d’enseignement.

Depuis lundi, un nombre très limité d’enfants et d’adolescents est de retour sur les bancs de l’école. Malgré les craintes de certains parents. Malgré l’opposition aussi d’une partie du corps enseignant qui estimait être « sacrifié » sur l’autel du « retour au travail des parents » et plaidait pour un « no go » jusqu’en septembre.

Malgré cela, cette mini-rentrée a pu avoir lieu. Un peu bizarrement certes, mais calmement, sereinement. Cher enseignant qui étiez dans votre classe ce lundi matin, merci pour cela.

Merci d’avoir passé outre vos craintes sanitaires, votre peur de tomber malade ou de contaminer vos proches.

Merci de n’avoir pas réduit l’école à sa dimension unique d’enseignement. D’avoir pris du temps pour dialoguer avec vos élèves de ce qu’ils ont vécu et de comment ils l’ont vécu. D’avoir entendu leurs angoisses ou leurs questions et d’y avoir répondu.

Merci d’avoir compris le besoin des enfants de revoir des compagnons de leur âge et l’urgence de leur offrir un horaire.

Merci de leur avoir offert une perspective alors que tout leur horizon n’est fait que d’incertitudes.

Merci de ne pas avoir participé à l’accentuation des inégalités sociales et de reconnaître par votre simple présence que chaque enfant ne possède pas un ordinateur ou une connexion wi-fi suffisante pour suivre les cours à distance et rendre ses devoirs de manière optimale.

Merci de reconnaître que le virtuel n’a pu que palier imparfaitement l’absence de présentiel (et merci à ceux qui ont accepté de se réinventer pour assurer un suivi pédagogique pendant ces étranges semaines).

Merci pour vos vidéos de soutien, émouvantes et drôles à la fois, aux élèves partagées sur les réseaux sociaux.

Merci de vous être présenté masqué, embué, éloigné, désinfecté, pour éviter que 2020 ne voit pas exploser le nombre de décrochages ou de phobies scolaires.

Merci d’accepter que tous les parents ne peuvent ou ne savent pas suivre la scolarité de leur rejetons comme vous le faites.

Merci de ne pas avoir mis en exergue le peu de jours qui restaient disponibles d’ici la fin de l’année pour justifier une absence, mais d’avoir tout mis en oeuvre pour mettre ce temps à profit.

Merci d’avoir reconnu que chaque enfant est unique. Qu’un pdf, un scan, une visio-conférence ou un contrôle en ligne peut être compliqué ou paralysant pour certains.

Merci d’avoir pu permettre que cette mini-rentrée fasse office de tests en situation réelle pour le mois de septembre.

Car cela aurait été dommage de ne pas saisir cette occasion pour recréer du lien. Dommage de jouer sur la peur et d’alimenter un climat déjà trop anxiogène. Dommage de profiter d’être sous les feux des projecteurs pour dénoncer le décalage qu’il y a entre les programmes scolaires et la vie réelle, ainsi que le manque de moyens alloués à notre enseignement. Même si c’est tellement vrai.

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