Le CEO Bernard Gustin et le directeur financier Jan De Raeymaeker © Belga

Menace de grève chez Brussels Airlines

Les syndicats de Brussels Airlines menacent de partir en grève à la suite des révélations selon lesquelles la maison-mère Lufthansa, qui a acquis l’intégralité des parts de l’entreprise belge il y a un peu plus d’un an, souhaite tirer un trait sur la marque belge. Les deux principaux dirigeants de Brussels Airlines, le CEO Bernard Gustin et le directeur financier Jan De Raeymaeker, risquent d’être licenciés lundi.

« Nous avons libéré notre emploi du temps ces prochains jours pour mener des actions », a indiqué Paul Buekenhout du syndicat chrétien LBC.

« Les trois syndicats sont sur la même longueur d’onde: nous sommes prêts à partir en grève », a ajouté Filip Lemberechts du syndicat libéral ACLVB. « Si nécessaire, nous retiendrons les avions au sol ».

Plus tôt cette semaine, plusieurs médias rapportaient que le groupe aéronautique allemand Lufthansa souhaitait privilégier la voie du low-cost via sa filiale Eurowings et dès lors contraindre Brussels Airlines à fonctionner selon un modèle à bas coûts. L’entreprise belge ne garderait comme spécificité que ses vols vers l’Afrique.

Les syndicats craignent dès lors des pertes d’emploi. « Combien ? Cela dépend de Lufthansa. Mais ses plans n’augurent rien de bon », estime Anita Van Hoof du syndicat socialiste BBTK.

Bernard Gustin privilégie le modèle hybride, qui mêle des vols européens à bas prix avec des vols long-courriers vers l’Afrique. L’administrateur délégué de Brussels Airlines pourrait être remercié lundi, lors d’une réunion du conseil d’administration (CA) de SN Airholding (la société-mère de Brussels Airlines), de même que le directeur financier de l’entreprise Jan De Raeymaeker. Les travailleurs de la compagnie aérienne belge ont lancé vendredi une pétition dans laquelle ils expriment leur soutien à leurs dirigeants.

« Nous avons convenu avec les syndicats que nous élaborerons un plan d’actions en fonction de ce qui est annoncé lundi », a précisé à l’agence Belga, Filip Lemberechts. Car à ce stade, « il ne s’agit que d’hypothèses » quant aux intentions de Lufthansa.

En cas de mauvaise nouvelle, le syndicaliste n’exclut pas des actions de grève spontanées. Le cas échéant, la réaction des quelque 3.500 travailleurs « pourrait être très émotionnelle ». « Ces dernières années, nous avons dû nous battre pour que le modèle soit rentable. Cela ne peut pas être rayé d’un simple coup de crayon », a-t-il relevé. Parmi les actions possibles: des avions pourraient spontanément rester cloués au sol.

De son côté, Paul Buekenhout, qui a appris l’information via la presse, est également dans l’incertitude la plus totale. « La question cruciale est: est-ce que Brussels Airlines va être intégrée à Eurowings (la filiale low-cost de Lufthansa ndlr.) et si oui, de quelle manière ? »

« Nous souhaitons conserver un maximum d’emplois à Brussels Airport, avec un hub qui concentre des services auxiliaires tels que le marketing, les ressources humaines, la comptabilité, etc. « Cela semble manifestement compromis mais nous ne connaissons pas les projets en cours », a précisé à Belga le syndicaliste chrétien.

M. Buekenhout a ensuite énuméré une série de préoccupations qui lui taraudent l’esprit. Est-ce que Brussels Airlines va devenir une société à bas coûts, qui coupera dans de nombreux domaines? Qu’adviendra-t-il des vols vers l’Afrique ou vers d’autres destinations long-courriers?

À l’issue de la réunion du conseil d’administration qui se tiendra lundi, les syndicats s’attendent à recevoir une invitation pour un conseil d’entreprise extraordinaire. Selon les organisations syndicales, celui-ci pourrait avoir lieu mardi matin ou même déjà lundi soir.

Cette agitation sociale chez Brussels Airlines intervient alors que les pilotes de l’entreprise mènent des actions affectant la ponctualité des avions depuis plusieurs jours. Ces derniers reprochent à la direction de ne pas avoir avancé dans une série de dossiers, concernant notamment les temps de vol et les pensions. Une concertation à cet égard est prévue mardi.

Le fait que Lufthansa prenne si clairement la tête des opérations n’est possible que depuis décembre de l’année dernière. Le groupe allemand avait alors acquis les 55% de parts (pour un total de 67,6 millions d’euros) de SN Airholding qui lui manquaient pour contrôler entièrement Brussels Airlines.

Jusqu’à la fin 2017, les quatre représentants belges y disposaient encore d’un droit de veto mais ce n’est désormais plus le cas. Cela signifie que les cinq patrons allemands peuvent dorénavant y imposer leurs vues, une simple majorité des voix étant suffisante.

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