Maxime Prévot © BELGA

« Maxime Prévot semble prêt au dialogue avec la N-VA »

Lorsque Maxime Prévot deviendra président du CDH, le parti aura des vues sur le gouvernement fédéral, affirme le politologue Pierre Verjans.

Lorsque la semaine dernière Benoît Lutgen a annoncé sa démission en tant que président du CDH, presque toute la démocratie chrétienne francophone est tombée des nues. C’est typique du Bastognard entêté, estime Pierre Verjans, politologue à l’Université de Liège (ULG) et spécialiste du cdH. Lutgen dirige le parti de son propre chef, sans beaucoup consulter les autres ténors du parti. Il n’a jamais réussi à prendre des décisions soutenues par la collectivité. »

Comment expliquez-vous la décision soudaine de Lutgen?

Le cdH n’a pas obtenu de bons résultats aux élections municipales. Il devient également de plus en plus clair que la décision de Lutgen d’échanger le PS contre le MR n’a pas fonctionné au sein du gouvernement wallon. Il s’en va maintenant parce qu’il a peur qu’en restant à son poste, il tire le parti encore plus vers le bas.

Maxime Prévot, le bourgmestre de Namur, lui succédera probablement. En quoi diffère-t-il de Lutgen?

Ils ont une personnalité très différente. Lutgen vient du Luxembourg, la seule région où le pouvoir du CDH n’a jamais été en danger. Prévot vient de Namur, une ville où les chrétiens-démocrates sont traditionnellement bien classés, mais où ils ont toujours dû coopérer avec les autres partis. Prévot est plus impliqué dans la mêlée quotidienne de la politique wallonne que Lutgen, qui n’a pas toujours semblé éprouver le même intérêt pour la coopération avec les autres partis.

Quels changements de cap attendez-vous sous Prévot?

Lutgen sympathisait surtout avec l’aile droite du parti, alors que Prévot est plus au centre. Par ailleurs, Prévot a été ministre au gouvernement wallon et bourgmestre de Namur. Il a donc de l’expérience en matière de compromis.

Vous attendez-vous à ce que le CDH change sa position communautaire sous Prévot?

Comme Lutgen, Prévot est régionaliste, mais tous deux sont en même temps attachés à la Fédération Wallonie-Bruxelles. En fait, ils sont dans la lignée de Joëlle Milquet : ils veulent reporter au maximum la scission ou l’évaporation de la Belgique.

Pensez-vous que Prévot renforcera ses liens avec le CD&V ?

J’en doute fort. Comme Lutgen et Milquet, Prévot se rend compte qu’il existe des différences fondamentales entre les démocrates-chrétiens flamands et francophones.

Les chances de participation du gouvernement fédéral augmentent-elles sans Lutgen ?

Tout à fait d’accord. Il est prêt à faire des compromis ambitieux pour pouvoir participer au gouvernement. Contrairement à Lutgen, il n’a jamais participé à la diabolisation de la N-VA. Du moins, cela donne l’impression qu’il est prêt à leur parler.

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