Mark Eyskens (CD&V) © Filip Van Roe

Mark Eyskens: « Certaines petites tendances xénophobes sont plus vivantes que jamais à la N-VA »

Dans une interview accordée au Knack, l’ancien homme politique Mark Eyskens (CD&V) se montre particulièrement dur envers la N-VA. « Certaines petites tendances xénophobes sont plus vivantes que jamais ».

Dans une longue interview, l’économiste et ancien homme politique Mark Eyskens (CD&V) apporte son éclairage sur le gouvernement et l’insécurité sociale qui règne en ce moment. Il revient aussi sur les propos polémiques sur la collaboration de Jan Jambon.

« On ne peut pas reprocher aux gens de la N-VA que leurs parents ou grands-parents aient eu des sympathies pour les Allemands et même certains pour les nazis » dit-il. « Mais, en tant qu’homme politique, amnistier le passé, c’est de la folie. Lorsque Jambon dit que les collaborateurs avaient leurs raisons, c’est pour le moins un lapsus inopportun. On peut d’ailleurs se poser la question si c’est bien un hasard que chez certains dirigeants de la N-VA il existe encore des sympathies pour tout ce qui vient d’Allemagne. L’Allemagne n’a, en effet, pas que des points positifs. Les salaires y sont extrêmement bas par exemple. »

Et vous, vous pensez que c’est un hasard que la N-VA ait tant de sympathie pour tout ce qui vient d’Allemagne ?

Eyskens: Je ne le pense pas. Beaucoup ont encore cette mentalité. Tant durant la première guerre mondiale que lors de la deuxième, beaucoup de Flamands pensaient qu’ils recevraient de l’Allemagne ce que la Belgique leur avait toujours refusé : une université flamande à Gand par exemple. Ils étaient nombreux à trouver cela formidable, mais bien sûr c’était une erreur d’accepter. Durant la Seconde Guerre mondiale, cette attitude était encore plus critiquable, car il y avait le nazisme.

En Wallonie, on a aussi collaboré. Et dans les autres pays aussi …

C’est vrai. Le pire collaborateur était Léon Degrelle avec Rex, qui était d’ailleurs issu en droite ligne du catholicisme. Sauf qu’en Belgique francophone, il n’y a plus personne ou presque pour dédouaner la collaboration. Ou qui exprime une quelconque sympathie envers elle. Ou encore qui essaye de l’expliquer sociologiquement. Comme aux Pays-Bas, le dégout envers la collaboration y est unanime.

Et pas en Flandre…

C’est un fait. Ici subsiste encore l’idée que l’on doit se diriger vers l’Allemagne pour recevoir ce que la Belgique nous refuse. C’est profondément ancré, mais aussi extrapolé.

Vous avez toujours défendu le cordon sanitaire contre le Vlaams Blok.

Absolument. Un parti qui fait de son propre peuple sa seule priorité est contraire à l’évangélisme qui est le coeur des chrétiens-démocrates. Je savais que le parti, à la longue, ne survivrait pas au cordon. Et j’avais raison. Toutes ces voix ne sont hélas pas tournées vers nous, mais vers la N-VA.

Merci, Bart De Wever…

En soi, c’est effectivement positif. Bart De Wever peut s’attribuer le mérite d’avoir vidé un parti ouvertement raciste. Mais par ce transfert, qui comprend aussi des mandataires, fait que certains traits xénophobes sont plus vivants que jamais. On sent tout de même une certaine intolérance dans la manière dont des hommes politiques de la N-VA parlent de l’immigration. Mais aussi un manque de perspective d’avenir: l’Europe a besoin de l’immigration. Et le respect, l’éthique et la tolérance doivent rester au centre des préoccupations.

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