Manifestation de la FGTB pour sauver la sécu le 28 janvier 2020. © BELGA

Manifestation de la FGTB : cette si chère Sécu en danger

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Des milliers de personnes dans les rues pour sauver la Sécu. Dans le rouge, elle constitue un enjeu politique majeur de la crise actuelle.

Le constat est là: l’état financier de la sécurité sociale se dégrade. Le trou est en train de se creuser: 1,5 milliard en 2019 pour atteindre un déficit de 6,4 milliards d’euros à l’horizon 2024 à politique inchangée.

« Cela signifie que sans décisions politiques et sociales, nos pensions, nos remboursements de soins de santé, nos allocations sociales risquent d’être rabotés« , souligne la FGTB qui appelle à manifester ce mardi dans les rues de Bruxelles. Le syndicat appelle à une réflexion sur le financement à long terme de la Sécu, qui vient de fêter ses 75 ans en décembre dernier.

Une sécurité sociale que le président de la FGTB, Robert Vertenueil estime « en danger » en Belgique pour cause de sous-financement progressif. Pour lui, elle est pourtant « le meilleur outil pour lutter contre la pauvreté en Belgique. Sans elle, le taux de pauvreté atteindrait chez nous les 40%, nous en sommes aujourd’hui avec elle à 15-16%, ce qui est déjà trop. C’est donc bien un outil efficace mais qui n’a pas aujourd’hui les moyens suffisants notamment pour arriver au bout de cette pauvreté. Elle est en danger oui, car la couverture sociale qu’elle offre à chacun est en train de diminuer, car on est en train de la priver de ses sources de financements « , alertait-il récemment sur les ondes de La Première.

Car la sécurité sociale coûte cher à l’Etat. Avec un coût de plus de 70 milliards d’euros pour les salariés, dont 51 supportés par les entreprises. Pour les travailleurs indépendants, il convient encore d’ajouter 7 milliards environ, selon les chiffres de l’Inasti, relayés par L’Echo.

A ce stade, explique le quotidien économique belge, les perspectives sont simples: si rien ne change, le trou budgétaire continuera à se creuser pour le Trésor. Les cotisations, qui représentent la majorité du financement, ne permettent plus de couvrir les dépenses qu’à moins de 60%, contre encore 75% dans les années 90. Ce qui pèse lourd pour l’État qui doit compenser. Le contexte économique morose n’arrange pas les choses. D’ici 2024, le déficit de la Sécu dépassera – sous l’effet du vieillissement et de la hausse des dépenses en soins de santé principalement – les 6 milliards faute de mesures structurelles, détaille L’Echo.

Régionalisation

Des réformes sont avancées, elles passent notamment par le taux d’emploi. « Le déséquilibre (dans le financement de la Sécu, NDLR) peut être rétabli si plus de personnes travaillent plus longtemps« , évoquait la FEB dans une récente publication sur le sujet. Ce qui passera, entre autres, selon elle, par le relèvement de l’âge de la pension à 67 ans. La FEB plaide aussi pour abaisser les cotisations sociales patronales, déjà descendues à 25%, à 20%, afin de stimuler la demande de travail et de créer de l’emploi, des mesures prises par le gouvernement Michel.

La manifestation tombe le jour du rapport des informateurs au Roi et ce n’est pas un hasard. Si elle parvient à mobiliser très largement, le syndicat socialiste donnera un signal clair aux partis et au Palais. Car si certains partis embarquent dans la future coalition, et notamment la NVA, la question de la scission de la sécurité sociale pourrait arriver sur la table des négociations. Le parti nationaliste souhaite une régionalisation des soins de santé, ce que le CD&V espère aussi à l’horizon 2024. D’autres pistes sont évoquées : la dégressivité des allocations de chômage ou leur limitation dans le temps, ou encore l’activation des « non-actifs », les malades de longue durée ou les personnes qui ne sont pas sur le marché du travail. La FGTB évoque de son côté l’idée d’une « cotisation générale globale », vue comme une nouvelle cotisation spéciale de solidarité au profit de la Sécu.

Pour le PS, dans la bouche de Paul Magnette, les proposition de la N-VA sont « imbuvables » et entre autres, son souhait de privatiser les missions assumées actuellement par les mutuelles, ainsi que les 5,2 milliards d’économies proposées par le parti de Bart De Wever dans le secteur dans les prochaines années.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire