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Magnette – Michel, au bord de la rupture

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Lors d’un face-à-face exclusif organisé par Le Vif/L’Express, Paul Magnette, président du PS, et Charles Michel, président du MR, se sont affrontés durement. Le premier dit clairement sa préférence pour une coalition Olivier, le second appelle à l’unité des partis francophones au cas où la N-VA serait incontournable. Extraits.

Pour la première fois dans cette campagne électorale extrêmement dure du côté francophone entre socialistes et réformateurs, Paul Magnette, président du PS, et Charles Michel, président du MR, ont débattu face-à-face à la demande du Vif/ L’Express. Un débat à couteaux tirés, une heure quart durant, au cours duquel ils ont multiplié les accusations de « mensonges » ou de « réécritures de l’Histoire ». A lire dans Le Vif/L’Express de cette semaine. En apéritif, voici ce qu’ils disent des futures coalitions.

Vous tenez un discours très dur à l’égard de la N-VA, mais ni le PS, ni le MR ne disent : nous ne gouvernerons jamais avec la N-VA…

P.M : Moi, je dis depuis des mois que l’on ne se mettra pas autour de la table pour négocier des dossiers qui mettraient en cause l’Etat ou la sécurité sociale. Pas un demi-jour, pas une heure… Point à la ligne. Après, on peut faire des exclusives dans un sens ou dans l’autre, dire comme M. Reynders que Bart De Wever peut être Premier ministre puis dire qu’il ne gouvernera pas avec la N-VA. C’est cela qui rend aussi cette campagne très compliquée et tendue. Que voulez-vous que les citoyens comprennent encore quand un important parti change d’avis de façon aussi radicale toutes les X semaines?

Ch. M : De toutes mes forces, j’espère que la N-VA fera le moins bon score électoral possible et sera le plus contournable possible parce que ce sont des gens qui ont un projet destructeur. Pour répondre clairement à la question : si la N-VA faisait un bon résultat et que les partis flamands refusaient de former un gouvernement sans la N-VA, nécessairement, il faudra que les francophones soient forts dans l’intérêt de la défense du pays, qu’ils se réunissent pour contrer des projets destructeurs pour la Belgique. Je demande que l’on ne commette pas la même erreur qu’en 2010 quand les francophones étaient très divisés puisque la deuxième formation la plus populaire, nous, a été ostracisée, mise de côté par le PS.

Serait-il bon que PS et MR soient ensemble au gouvernement? Didier Reynders l’avait suggéré il y a quelques mois…

Ch. M : Je ne dis pas cela, c’est le projet qui compte. Nous ne voulons pas vivre le remake de l’axe PS- N-VA de 2010 qui a bloqué le pays. A côté de cela, il y a un autre axe Open VLD – MR, peut être avec le CD&V, c’était le sens de mon message commun avec Wouter Beke en début d’année. C’est nous qui avons pris le plus de risques pour permettre d’avoir un gouvernement en 2010. C’est un axe de solutions, formés par des gens qui sont capables de rapprocher les points de vue. La N-VA se nourrit en réalité de l’incapacité chronique de la Wallonie à se redresser. Le meilleur antidote contre la N-VA, ce sont les recettes libérales pour créer de l’emploi et de l’activité économique.

De votre côté, Paul Magnette, vous avez toujours dit que vous privilégieriez si cela est possible une majorité progressiste. Laurette Onkelinx l’a elle aussi rappelé récemment…

P.M : Il faut bien sûr respecter le choix des électeurs, mais il faut une certaine honnêteté intellectuelle et oui, dans l’hypothèse où cela serait possible, je privilégierai toujours les majorités les plus progressistes possibles. Sur toute une série de dossiers qui nous tiennent à coeur – la taxation du capital, l’impôt sur les grosses fortunes, une réforme fiscale réaliste profitant réellement aux travailleurs, il y a un blocage fort des libéraux. Oui, je préfère une majorité progressiste à une majorité subie avec la droite.

S’il est mathématiquement possible de reconduire l’Olivier en Wallonie, vous le ferez ?

P.M : Nous serons dans un exercice de composition de gouvernements complexe, à différents niveaux de pouvoir. Nous tiendrons compte de la géopolitique et je ne veux mettre aucune exclusive. Mais oui, je ne veux pas esquiver la question: le PS préfère cette formule si elle est possible.

Charles Michel, vous vous dites que l’axe de gauche risque de vous barrer la route à nouveau ?

Ch. M : Non. Je constate que malgré les pronostics, lors des élections communales de 2012, le MR a obtenu le plus grand nombre de maïorats à Bruxelles et en Wallonie. Le message que je donne est important : ces vingt-cinq dernières années, le PS a occupé le pouvoir de manière ininterrompue. Le MR, lui, n’a été au gouvernement que quand il était incontournable électoralement. Le vote utile, du côté du centre droit, c’est le MR qui rassemble toutes celles et ceux qui pensent que l’argent public ne tombe pas du ciel.

Le compte-rendu de ce débat explosif dans Le Vif/ L’Express de cette semaine.

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