Maggie De Block © Belga

Maggie De Block ouvre le débat sur la délivrance de cannabis médical

La ministre des Affaires sociales et de la Santé Maggie De Block « travaille à un projet d’arrêté royal » permettant la délivrance en pharmacie de médicaments contenant du cannabis, a-t-elle annoncé mercredi en Commission de la Chambre.

Il est question actuellement d’un médicament qui, après demande, a franchi les étapes réglementaires au niveau de la recherche. Il s’agit du Sativex qui permet de traiter la spasticité – tendance d’un muscle à être contracté – dans la prise en charge de la sclérose en plaque. Les médicaments à base de cannabis sont déjà délivrés dans un certain nombre d’Etats étrangers, notamment pour traiter la douleur chez des patients cancéreux ou sidéens. On n’en est pas encore là en Belgique.

L’objectif de l’Arrêté Royal, qui était déjà en préparation lors de la législature précédente, est de pouvoir déroger aux conditions de l’AR de 2001 sur les expériences médicales de produits à base de cannabis de manière à permettre la délivrance dans une officine.

Conformément à l’accord de gouvernement, la ministre a en revanche fait valoir mercredi son expérience de médecin pour rappeler son opposition à une « politique de tolérance » vis-à-vis d’un produit dont elle a souligné les effets négatifs pour le consommateur, notamment en ce qui concerne l’assuétude. Mme De Block a cependant une nouvelle fois répété l’utilité d’une réflexion avec des experts sur la politique de drogues menée en Belgique. « Il est correct de dire qu’un débat doit avoir lieu dans notre pays, en Europe. Il ne faut pas se taire, il faut être ouvert au débat », a-t-elle dit invitée par la cheffe de groupe PS Laurette Onkelinx à clarifier la position du gouvernement.

Précédemment, le président de la N-VA Bart De Wever avait fermé la porte à toute réflexion, soulignant que seul l’accord de gouvernement appelant à une politique de tolérance zéro comptait. Pour Mme De Block, il n’y a cependant pas de contradiction entre leurs deux positions montées en épingle par la presse qui en a fait « une tempête dans un verre d’eau ».

Laurette Onkelinx a invité le parlement à se saisir de la question qui constitue selon elle un « problème de société », un enjeu « éthique » qui devrait dépasser les clivages majorité-opposition. A l’invitation de la présidente de la Commission de la Santé de la Chambre Muriel Gerkens (Ecolo), la ministre viendra avec un rapport que prépare l’administration sur l’évaluation de la politique de drogues (peines, prévention, méthadone…)

Pour Laurette Onkelinx, il est temps de relancer ce « débat très difficile » sur l’usage extrêmement répandu du cannabis à des fins récréatives alors que contrairement à l’alcool il est interdit. Il faut aussi se pencher sur l’ampleur du phénomène chez les jeunes qui s’adressent à des milieux potentiellement « criminogènes » pour s’approvisionner. « La politique de prohibition ne fonctionne pas », a dit l’ex-ministre de la Santé.

« Un président de parti de la majorité vous a dit ‘Taisez-vous, c’est tolérance zéro, point barre' », a-t-elle souligné, tout en rendant hommage à « l’ouverture » dont a fait preuve la ministre libérale. Il y a des discussions dans d’autres cénacles, dans d’autres pays, au Conseil de l’Europe. « Notre parlement devrait s’en emparer », a conclu Laurette Onkelinx.

Muriel Gerkens (Ecolo) a abondé dans ce sens, estimant qu’à l’instar d’autres instances le Parlement avait « un rôle à jouer ».

Contenu partenaire